Lors de sa renaissance, Alys a gardé beaucoup en commun avec l'humaine qu'elle était, bien que ressemblant désormais à une jeune femme en santé et épanouie. L'animal autrefois terrifié et blessée avait laissé place à une démone aux airs résolus arpentant les rues d'un pas décider tout en possédant une certaine élégance. D'un mètre 60 pour un poids 52 kilos, elle n'avait plus rien avoir avec la petite silhouette squelettique, possédant désormais un corps svelte aux formes généreuses.
À première vue, l'apparence de la soldate se rapprochait d'une simple mortelle. Ni griffe, ni corne, ni autres fantaisies venaient clamer son ascendance démoniaque. Elle se distinguait des humains de son teint blême, presque cadavérique et surtout de ces yeux en amandes brillants d'une lueur dorée. L'éclat de ces prunelles venait donner vie à ce joli minois à l'expression souvent impassible. Cela n'empêchait pas l'élémentaire de parfois s'adoucir, abordant un petit sourire sur ces lèvres pleines. L'une des caractéristiques d'Alys n'était nul autre que sa chevelure d'un blond polaire. D'ordinaire si long qu'ils lui arrivaient aux chevilles, elle pouvait malgré tout adopter des cheveux plus court à l'aide de la métamorphose selon ces envies.
Si Alys ne porte pas un intérêt spécial pour la mode, ces différentes armures arrivent à changer la donne, les portant régulièrement et fièrement dans le cadre de ces fonctions. Il ne fallait pas croire que la démone ne portait exclusivement ces protections, optant pour des habits plus confortables lorsqu'elle vaquait à des activités plus calme. En Enfer, son choix se portait généralement sur des robes aux couleurs sombres, souvent offertes en cadeau par Kaichi.
Dans le monde des Hommes, la jeune femme ne fait aucun effort particulier pour sa métamorphose. Donnant une couleur dorée à ces cheveux et remplaçant celle de ces yeux pour un bleu clair, elle complétera le tout en donnant quelques couleurs à son teint à la pâleur extrême. Alys fera preuve d'imagination tant qu'à sa transformation uniquement si elle juge que la situation l'exige. Adoptant des styles plutôt variés, sa palette de couleur ne changera pas pour autant face à ces habitudes.
Beaucoup ne retiennent de la femme en armure que l'image d'une soldate sérieuse et appliquer dans sa mission. Comment pourrait-on leur en vouloir de s'arrêter à cela? Alys met en avant-plan son travail tout en parlant très peu d'elle. Reconnue comme une soldate habile, l'élémentaire a également su démontrer à ces supérieurs qu'elle était digne de confiance. Si la demoiselle doit bafouer certains de ces principes pour accomplir ses missions, elle le fera sans hésiter tant et aussi longtemps que ceux-ci l'aideront à atteindre ces objectifs. On pourrait néanmoins lui reprocher de trop s'acharner, accumulant les heures sur le terrain et s'entraînant alors qu'elle devrait se reposer.
Lorsqu'elle ne patrouille ni sur Terre, ni aux Enfers, la blondinette aidera de son mieux son père à tenir son marché. Kaichi étant de sa seule famille et son seul confident, elle est particulièrement proche et attachée à lui. Alys est néanmoins désolée de voir l'éclat qui l'habitait autrefois s'estomper, consciente que son paternel se blâme pour ce qui lui est arriver. La soldate voue aussi une certaine affection pour les siens, plus particulièrement ces frères d'armes. Elle ne sait toutefois pas le démontrer, ayant pris l'habitude à son isolement, elle ignora la plupart du temps son envie d'agir amicalement avec autrui.
Sous ces airs calmes et parfois doux, Alys cache cependant une grande colère envers l'espèce humaine. Eh oui, il serait peu exagérer de dire que la demoiselle est raciste, ne se cachant pas de son sentiment de supériorité envers ces derniers. Il ne s'agit pas tant d'une question de force, elle perçoit la majorité d'entre eux comme des êtres barbares ayant des penchants d'auto-destruction. Au fil des années, Alys s'est laissé convaincre que leurs territoires seraient mieux entre les mains des démons, y compris pour l'espèce nuisible elle-même..
Désire-t-elle pour autant leur destruction pure et simple? Bien que l'on puisse en douter, Alys est loin d'être une partisane du génocide. Malgré ces aprioris et sa haine, elle ne peut oublier ces personnes lui ayant tendu la main dans son ancienne vie. Tout comme elle compatira avec les plus faibles, l'ayant elle-même été, Alys est sensible à la bienveillance et l'entraide dont fait preuve certains. La demoiselle aura beaucoup plus de mal à s'en prendre à ceux en faisant preuve et regrette que ces qualités ne soient pas davantage présente sous le règne de sa reine. Elle espère naïvement que cette utopie aura la chance de se réaliser une fois leur conquête remplie.
L'origine de sa haine a eut pour effet de la faire souffrir de pyrophobie. Bien qu'elle est apprise à se maîtriser face à un feu contrôlé, sa peur n'en reste pas moins handicapante. Le simple fait de constater de la fumée d'une origine inconnue peut lui déclencher une crise. Tremblement, sensation de suffoquer allant jusqu'à devenir inerte à tout excepter la source de sa crainte, la phobie d'Alys est contraignante, hantant même régulièrement ces cauchemars. Honteuse, elle n'ose pas en parler et chercher de l'aide dans cette société valorisant la force. La démone se contente simplement d'espérer que ces tourments la quitteront, au même moment où ils se sortiront vainqueurs de la guerre à venir.
Porté par la nostalgie, Kaichi retrouvait cette terre originaire de ces tourments. Niché au pied d'une montagne et pourvu d'immenses champs, ce petit village isolé avait toujours été réputé pour sa tranquillité. Hors tout était dorénavant trop calme, même pour ce lieu inanimé. Quel pouvait en être l'origine? Aucun fermier ne labourait ces champs, aucun enfant ne jouait dans les rues ; il n'avait aucun signe de ces habitants. Seul le beuglement des bêtes et de sinistres croassement venaient briser ce lourd silence. Les charognards avaient pris d'assaut les environs, charmés par ce nouveau paysage de rouge, salivant face au buffet qui se présentait à eux.
Observant ces anges de la mort dans leur envolée, ces pas le menèrent peu à peu à leur pitance, ces yeux se posant enfin sur les malheureux disparus. Ceux qui autrefois le fixaient avec dédains et méfiances ne pouvaient dorénavant que lui offrir un regard vide, figé dans une expression de terreur. Parmi les silhouettes ensanglantées se trouvaient femmes et enfants, n'ayant pas été épargner par l'assaut. Les gens d'ici avaient-ils tous péris? Est-ce que certains étaient parvenu à fuir? Et surtout, qui avait commis un tel péché?
Abasourdi par ce funeste spectacle, il remarqua que tardivement l'ombre tremblante se tenant au milieu de la scène. S'il crut au départ apercevoir une des villageoises, il eut tôt fait de reconnaître la jeune femme. Celle-ci ne tremblait pas par peur, mais par fébrilité. Resserrant sa prise sur son arme, elle lâcha un long soupir, se libérant de ces tourments. Désormais, elle cesserait d'être faible. À l'avenir, elle n'aurait plus jamais à les craindre. Par leur cruauté et leur indifférence, ces imbéciles s'étaient damnés. Malgré ces larmes face à ces souvenirs douloureux, Alys sourie, se moquant de leur sort. La contemplant, Kaichi compris douloureusement la voie que sa fille avait choisi. En la condamnant, ces humains pitoyables lui avaient permis de renaître de ces cendres. La belle d'or et d'argent avait connu l'ascension auquel ils ne pourront jamais espérer accéder.
Les cris et les pleurs du nourrisson vinrent enfin alléger le cœur des deux femmes tandis que les rares témoins de ces plaintes frissonnèrent face au sombre présage. Nul ne croyait que Constancia Leclair et sa progéniture pourraient survivre sans leur aide. La petite sotte était tombée sous le charme d'un étranger qui avait tout d'un démon. Malgré leurs mises en garde, elle s'était offerte à lui, mettant tout son village à dos. En refusant de lui venir en aide alors qu'elle fût seule et incapable de subvenir à ces besoins, ils auraient dû pouvoir sceller son destin. Tout du moins, ils auraient pu y parvenir si ce n'était pas de l'intervention de cette sorcière.
Son cœur entrain par les remords, une larme roula sur la joue de Constancia. Comme beaucoup, la jeune femme avait longtemps méprisé et humilié la guérisseuse. Et pourtant, malgré leur animosité commune, Naria fut la seule à lui tendre la main, incapable de fermer les yeux sur la détresse de cette mère et de son enfant à naître. Afin d'assurer la survie de sa patiente, elle avait accepté de l'accueillir dans sa demeure.
Hélas, en dépit de tous ces efforts, l'ensorceleuse savait que la jeune mère n'en aurait plus longtemps. Constancia était depuis longtemps à bout de force, ne s'accrochant à la vie que pour mener sa grossesse à terme. Soulager de voir sa progéniture bien portante, elle souffla de faible remerciements et excuse à celle qu'elle considérait désormais comme son unique amie. La priant silencieusement de prendre soin du nourrisson, elle assembla ces forces pour murmurer dans son dernier soupir un nom ; Alys.
En accord avec les dernières volontés de sa mère, Alys fut élevée par la guérisseuse en périphérie du village. Bien que Naria lui portait une affection maternelle, elle ne lui avait jamais caché leur lien, ne désirant pas prendre la place qui aurait dû revenir à Constancia. En grandissant, la jeune fille apprit donc l'histoire de cette jeune femme naïve et curieuse tombée éperdument amoureuse d'un mystérieux voyageur. Si elle ignorait les détails de la disparition de son géniteur, sa tutrice lui avait fait part de la haine dont il était la cible. Elle apprit également le rejet et la colère des habitants envers sa mère pour ces choix, la condamnant.
Il était peut-être cruel de révéler ces informations à une si jeune fille, mais force était de constater que l'existence même d'Alys faisait gronder de mécontentement le voisinage. Certains avaient voulu laisser une chance à l'enfant en souvenir de leur vieille amie. Hors, tout comme pour son père, leur regard curieux devinrent aussitôt rempli d'hostilité en croisant ces prunelles dorées. Tout semblant de compassion disparu une fois que l'objet de la trahison de Constancia se refléta en sa fille.
La haine des parents se transmettant à leurs enfants, Alys eut tôt fait d'être isolé. Ces rares sorti et tentative de nouer des liens avec ceux de son âge se terminait par des ramassis d'insulte et des bousculades. Bien que curieusement forte, l'enfant maudite ne rappliquait jamais, sa protectrice l'ayant prévenu des dangers d'un tel comportement de sa part. Mais lorsque les petites chamailleries devinrent des coups et qu'Alys devint cible de pierre jeter, Naria sut qu'elle devait agir.
La présence de la sorcière avait toujours été plus ou moins toléré pour son aide apporter aux habitants, bien qu'il était tabou de l'aborder. Hors, maintenant qu'elle avait recueilli la fille d'une catin et d'un démon, leurs vies étaient menacer. Ne pouvant plus s'occuper de l'enfant maintenant âgé de sept ans, elle due se résoudre à la confier à l'unique personne prête à leur prêter main forte, le prêtre Luca.
Bien qu'il lui fut, au départ, difficile d'accepter de quitter sa tutrice, Alys eu tôt fait de découvrir une nouvelle belle âme parmi ces barbares. Ayant succédé à son père il n'y a que quelques années, le prêtre Luca était parvenu aisément à conquérir le cœur des villageois. Cet homme pieux promouvait le pardon et la compassion, ne croyant nullement que cette enfant simplement différente avait quelconque lien avec le malin. Bien que la tâche fut difficile, il parvint à exercer de son influence pour faire cesser la brutalisation à l'égard d'Alys.
Néanmoins, l'homme craignait toujours pour la sécurité de la jeune fille. Afin d'assurer sa protection, il l'encouragea à l'aider au sein de la paroisse tout en lui faisant part de ces enseignements. Se sentant à la fois utile et encouragée dans cette étude, Alys se prit d'amour pour le christianisme, se réfugiant dans sa nouvelle foi et allégeant ainsi sa solitude.
Petit à petit, un certain calme gagna de nouveau le village. Alys se permit de nouveau de voir Narcia et au fil du temps, elle se surprit à ne plus craindre pour sa sécurité. Bien qu'elle ne parvenait pas à créer d'autres liens qu'avec son étrange famille d'adoption, elle croyait avoir enfin trouvé sa place parmi sa communauté. Elle s'accrochait à l'espoir d'un avenir heureux, mais ce doux moment eu tôt fait de tomber en éclat.
En 1578, alors qu'elle n'était âgée que de 11 ans, le cauchemar reprit peu à peu vie, et ce, pour les quatre prochaines années à venir. La France fut victime de plusieurs périodes de famine et d'épidémie, dont la peste noire. Leur village paisible n'en fut pas épargné et de par son isolement, l'aide se faisait rare et difficile. À force de voir leur proche dépérir et face à la peur de la mort, les habitants sombraient de nouveau dans une folie collective. Peu à peu, la rumeur que le malin était à l'œuvre de leurs tourments se répandit. Cherchant un coupable, certains constatèrent qu'une personne en particulier n'était pas affecter par la contagion. Alys. Avait-elle même été malade ne serait-ce qu'une seule fois?
Luca ne se laissait toutefois pas ébranler ces inepties, s'efforçant toujours de raisonner ces gens apeuré et de leur apporter du courage, protégeant ainsi de son mieux la petite. Hors, la voix de la raison ne fut pas éternelle. En 1582, après avoir passé tant de temps à lutter pour protéger sa communauté, le prêtre fini par succomber de la peste. Celui qui leur apportait la bonne conscience maintenant disparu, le chagrin et la terreur eurent un effet dévastateur.
Tous ces malheurs ne pouvaient être le fruit que d'une personne. Ils avaient trop longtemps fermé les yeux sur son existence. Leurs regards eurent tôt fait de se tourner encore et toujours vers la même cible. Si l'être maudit disparaissait, peut-être pourront-ils voir leur vie épargner?
Alys n'eut à peine le temps de pleurer son protecteur que les portes de la paroisse furent projeter. Terrifier à la perspective de ce jour dont on lui avait tant promis enfant, l'adolescente courue se réfugier à sa chambre dans l'espoir d'échapper à ces assaillants. Hors elle n'eut à peine le temps de refermer la porte de la petite pièce que l'on essaya de forcer son accès. Essayant de maintenir la porte de toutes ces forces, elle les supplia de retrouver la raison, en vainc. Elle n'obtient pour réponse ce qui lui semblait n'être que les cris de bêtes enragés. Tous ces efforts pour se garder à l'abri s'effondrèrent dès que la porte tomba en éclat, la projetant au sol. Elle n'eut pas le temps de se relever que l'on la saisissait, la traînant jusqu'à l'extérieur.
En apercevant la concrétisation de ces cauchemars, Alys tenta de se débattre pour n'être accueilli que par des coups. Incapable de riposter, trop affaiblie par la famine, elle fut amenée de force à un amas de bois avant d'être attaché à un poteau. Ils n'eurent que faire de ces suppliques, répondant à celles-ci en faisant embraser la paille à ces pieds. Elle avait bien hurlé à en avoir la gorge en feu, elle ne rencontrait que des regards indifférents alors que les flammes rongeaient sa chair. Ceux qui compatissaient à sa douleur s'accrochaient à l'idée de la fin de leur propre supplice ou ne se contentèrent que de fermer les yeux face à l'horreur. Seuls les cris de Naria accompagnaient ceux de l'enfant qu'elle avait élevé, impuissante à lui porter secours.
Face à la douleur insoutenable des flammes la dévorant, elle réalisa que nul ne viendra la sauver. Incapable d'accepter que sa vie prît fin après quinze ans d'une maigre existence, elle éclata en sanglots. Dans le brouillard de douleur, elle parvint à croiser le regard de Narica. Dans son silence, Alys ne la suppliait plus de la sauver, mais dorénavant désireuse de comprendre, l'éclat de ces yeux devenant peu à peu vitreux. Qu'avait-elle donc fait pour mériter un tel sort? Quel crime avait-elle posé autre que celui de connaître le jour? Ronger par la tristesse et la colère, elle se laissa peu à peu engouffrer par les ténèbres de l'inconscience.
Les paupières d'Alys papillonnèrent tandis qu'elle reprenait peu à peu conscience. L'esprit dans le brouillard comme si elle ressortait d'un long et lourd sommeil, elle eut du mal à se souvenir des derniers événements. Somnolente, elle se laissa tenté un instant à garder les yeux clos encore quelques instants pour dormir. Mais elle eut à peine l'occasion de s'assoupir que l'horreur s'imposa dans son esprit.
Les patrouilleurs de l'endroit furent accueillis par des hurlements et une petite silhouette recroquevillée, tremblante. Ils accoururent afin d'essayer de rassurer la jeune fille en détresse, en vain. Ils essayèrent de lui parler dans diverses langues afin de la calmer, sans succès. Elle était sourde à ces langues étrangères, ni même consciente de son environnement, jusqu'à finalement percevoir des mots familiers à peine audible à travers ces cris.
En désespoir de cause, l'un des gardes avait interpellé un ami passant dans les environs. Le dénommer Kaichi parvenu à attirer son attention pendant un bref moment en lui parlant en français. Il constata qu'il avait rapidement perdu l'intérêt de la nouvelle arrivante, mais au moins celle-ci semblait s'être calmé. Ces camarades le laissant seul avec la demoiselle afin de ne pas l'effrayer davantage, Kaichi observa ces actions avec curiosité et inquiétude.
Alys nageait en pleine confusion. Elle se rappelait très bien que l'on avait essayait de la tuée, de la brûlée vive. Et pourtant, elle était encore en vie. Avaient-ils finalement renoncé? Alys observa son corps avec appréhension, ne notant ni sa nudité, ni même son corps différent - autrefois squelettique, elle était bien en chair. La jeune fille n'y portait aucun intérêt, n'étant qu'à la recherche de blessure. Elle se souvenait vivement de ces pieds peu à peu consommer par les flammes. Curieusement, elle n'y trouva aucune imperfection. Craignant que sa peau tombe en lambeaux sous son toucher, elle posa avec la plus grande délicatesse ces doigts sur ces jambes, abasourdies.
Face à l'absence de douleur et de cicatrice, Alys voulut croire à un simple rêve. Hélas, Kaichi dut se résoudre à la ramener à la réalité. Bien qu'il commençait à se douter que cette jeune personne n'avait pas dû rencontrer une fin des plus douce, il savait que ce passage sera obligatoire pour qu'elle puisse se reconstruire peu à peu une nouvelle vie.
La nouvelle jeune démone avait été sous le choc, emporter par une vague d'émotion. Elle aurait voulu rester le déni, ne voulant pas admettre être en Enfer. Mais face aux lieux étranges qui l'entouraient et les mystérieuses créatures qui croisaient sa route, elle ne put se leurrer plus longtemps. Sans en comprendre la raison, Alys avait été damnée. Ceux de son village avaient finalement eu raison. Peut-être avait-elle mérité son sort? Non, elle ne pouvait accepter cette idée qui malgré tout, venait la hanter sans cesse.
Après plusieurs semaines dans ce monde, la jeune fille ne parvenait toujours pas s'y faire. Alors qu'on la faisait loger à l'Académie dans l'espoir qu'elle s'y intègre, elle n'en fit rien. Alys ne sortait pas, s'isolant dans sa chambre et ne faisant que prier, ce nourrissant à peine. Craignant pour sa sécurité, on demanda à Kaichi de l'accueillir afin de veiller sur elle. Étant le premier à avoir pu établir le contact avec la jeune fille et étant également un élémentaire végétal, on jugea qu'il était le plus apte à cette tâche.
L'aménagement d'Alys à Mésos ne fut pas évident et encore moins avec Kaichi. Le démon normalement jovial et taquin ne savait pas comment approcher ce qui lui semblait n'être plus qu'une épave. La jeune femme elle, ne souhaitant qu'ignorer tout ce qui l'entourait. Mais malgré un début difficile, l'adolescente cédait peu à peu à la bienveillance de son hôte. Elle restait toujours isolée dans son propre monde, mais au cours des années, elle y avait laissé Kaichi y prendre une place. Ces progrès semblaient bien pauvres, mais la petite accepta enfin d'apprendre le démonique à ces côtés et recommençait à se nourrir normalement. Celle que l'on croyait encore prête à se laisser mourir il y a peu parviendrait peut-être finalement à ce faire une place en Enfer?
En 1585, trois ans suite à la résurrection de sa pensionnaire, Kaichi était parvenu à créer un lien de confiance avec celle-ci. Après une énième nuit de cauchemars mêlant cris et larmes, la démone accepta enfin de se confier à son unique lien dans ces contrés. Tantôt calme face au récit de la petite, il devint de plus en plus blème face à la réalisation. Lorsque Alys prononça le nom de Constancia, il n'y avait plus de place au doute. La mère de la jeune fille était belle et bien la même femme qu'il avait connue. Et il n'avait nul doute qu'il était le père.
Kaichi ne s'était pas gardé cette nouvelle bien longtemps, bien qu'il fut difficile pour Alys d'accepter que l'homme avait laisser sa mère à son sort. Hors, elle eut tôt fait de le pardonner en voyant la sincérité de sa tristesse et son intention de prendre son rôle de père au sérieux. Kaichi était rongé par la culpabilité, perdant peu à peu de son entrain légendaire.
À l'époque de sa visite sur Terre, l'insouciant marchand n'avait pensé qu'à se faire de l'argent, tout en s'amusant. Lorsqu'il avait réalisé que parmi les humains une ne semblait pas le craindre et était même sous son charme, il avait décidé d'en profiter. Si Constancia avait espéré une relation durable pouvant la sortir de sa misère, Kaichi n'avait désiré qu'une relation d'un soir. Il ne pensait pas faire du mal. Mais en laissant son amante, il la condamna ainsi que son enfant des années plus tard. S'il avait su, il aurait fait autrement. Il aurait pris ces responsabilités. Il aurait pu les protéger.
Après plusieurs années passées en Enfer, Alys se laissa peu à peu tentée par la curiosité. C'est suite à son apprentissage des portails qu'elle décida de retourner à son village en 1593. L'ancienne humaine avait bien conscience de l'interdiction de contacter les siens, mais elle n'en avait cure. Elle ne désirait que savoir ce qu'il advenait de Naria, sa tutrice. S'emparant d'une cape et d'une épée emprunter à son père, elle parti.
Au départ nerveuse de fouler à nouveau le sol de son ancien village, elle reprit courage en serrant son arme. Cette visite, qui devait lui apporter un peu de paix, était finalement parvenue à la brisée. Questionnant l'un de ces anciens visages familier, mais vieillissant, elle appris le sort de la pauvre guérisseuse. Elle fut condamnée à son tour pour avoir voulu protéger l'enfant qu'elle avait élevé.
Pour la première fois, Alys laissa sa colère et sa haine lui succomber, ne les dissimulant plus sous sa tristesse et sa peine. Ce fut le premier jour où elle versa le sang, celui de ces tortionnaires. C'était la toute première fois qu'elle réalisa sa supériorité face à ces pathétiques créatures. Elle ne réalisa que plus tard la présence de son père et la désolation qui le gagnait. Alys sut que les choses ne seront plus les mêmes. Décider à mener sa vie en tant que démone, elle décida d'embrasser son avenir sanglant.
Père et fille étaient unis par le même secret. Même s'il était choqué des actes de sa progéniture, il se refusait de dénoncer ces actions. L'élémentaire ne pouvait céder à ces instincts de père, se refusant de la faire souffrir à nouveau. Alys, tant qu'à elle, n'avait eu que peu de remords face à ces actions. Déterminer, elle n'avait pas tardé à rejoindre l'Académie, se passionnant tout particulièrement pour l'art du maniement des armes.
Bien qu'elle était une démone peu puissante, Alys se révéla être une épéiste prometteuse. C'est seulement en 1617 qu'elle fut recrutée comme garde, alors qu'on jugea la jeune femme dorénavant stable, n'ayant plus rien à voir avec la créature effrayée qu'ils avaient recueilli. Bien qu'elle se montrait fiable et dévouée dans son travail, la démone ne manquait pas d'aller sur Terre dans le plus grand des secrets, éliminant les pathétiques humains qui osaient lui déplaire.
En 1943, leur monde fut ébranlé par de grands changements lorsque Lilith prit le pouvoir en assassin sa fille et son mari, le roi des Enfers. Le peuple fut déchiré entre les partisans de Satan et ceux de leur nouvelle souveraine, certains se contentant de se soumettre au gouvernement actuel, impuissant. Alys n'adhérait pas totalement aux nouvelles politiques qui changeait ce monde. Hors, sa nouvelle reine promettait de lui offrir ce que Satan leur avait toujours refuser. Patientant jusqu'au jour promis, Alys devint l'une de leur plus fervente partisane. Bientôt, le monde des hommes appartiendra aux leurs. De sa lame, elle pourra les soumettre. De par leur sang, elle pourra enfin se libérer de sa hantise.