Le déchu, un minable.

Le bellâtre culmine à un mètre quatre-vingt-quatre pour près de soixante kilogrammes avec sa musculature saillante. Un éphèbe au teint beige, de type caucasien, les mèches courtes châtaines virant vers l’auburn et les iris d’un marron rougeoyant. La crinière noire hirsute sous forme humaine, vestige d'une vie antérieure. Les traits durs, secs, las, en privé, d’ordinaire doux, agréables et joviaux ou presque. Un factice entrain hante sa figure, comme l’espérance de retrouver ces plaisirs simples qui le caractérisaient lors de sa renaissance. Un timbre grave sans trop l’être, aux vestiges de douceur prépubère, comme si sa voix venait juste de muer. La main leste mais délicate, adroite. Une agilité grandiose et souplesse remarquable. Sobre mais chic en vêtures, la démarche pour peu élégante. L’arsenal de ses sourires et rictus sachant faire déchanter la multitude. Un mâle avenant, donc. Il arbore les mimiques adéquates à ses compagnies, prompt aux attitudes cavalières désuètes ainsi qu’à l’austérité féroce/brutale d’un maraud. Le regard ravageur et douillet, voire niaisard, ou bien effroyable et impérieux, fou. Le tout de manière vive et machinale, suivant la discipline de l’instruction. La rigueur militaire s’en dégage, bien qu’il paraisse souvent détendu, l’aura triste. Rien qu’une façade décrépie, vide à l’intérieur.  

Cynique, amer et triste sous le masque du gentilhomme. Une profonde dépression l’abreuve de mélancolie. Névrose alors imputable à son ancienne existence. L’ancien semi-homme, hérétique de son état, n’abhorre pourtant pas la compagnie de ses congénères, ni de quiconque d’ailleurs. Bien au contraire. Un comparse –même d’attrait minime- est susceptible de l’apaiser, le distraire. Du moins tant qu’il ne s’agit pas d’un fanatique moralisateur. L’amertume de sa vieille expérience d’un bien commun qui débride et justifie n’importe quoi le sidère encore, alors une évocation de la chose... Poète dans l’âme, à défaut d’un prince et guerrier, puisqu’il s’interroge sur l’utilité d’une armée forte en l’absence de conflit officiel, là où certes la notion d’équilibre naturel prévient toute dérive de sa race sur les autres, même nobles à purifier. Fut-ce l’optique d’une bavure terrestre encline à engendrer le pire, l’apocalypse sous ses deux sens, mais encore une épuration arbitraire dans la fièvre du carnage et la démence pour les purs et dignes veilleurs du ciel ? Encore qu’empêcher la prolifération nucléaire et les tentatives de génocides aille dans le sens de la stabilité. Une balance injuste, bancale. Ainsi s’agença la certitude que son monde natal pèse dangereusement à l’idéal de relative neutralité des anges. Un avenir empli de pessimisme quant au principe/crédo.

L’homme ne va guère au devant de ces dames, non de crainte d’être éconduit ou d’avoir affaire à des insipides causeuses, mais bien du fait qu’y trouver du plaisir le chamboule. Le spectre de sa promise devenu hantise intempestive, le laissant hagard et bien capable de vexer consœur. L’homme a si peur de s’éprendre à nouveau -et d’en pâtir- qu’il préfère enfouir ses pulsions et fantasmes, puis se projette dans ces messieurs pleins d’assurance et de répartie, songeant à leur bonheur inaccessible. Stimulation de scribe ou véritable lubie salutaire ? Des instants d’oubli de soi. Que trop friand de ces occasions rares, le voyeur ne peut s’empêcher de concourir à la concrétisation des couples et autres romances farfelues, même malsaines ou irréfléchies. Comme un besoin maladif de revivre la sienne.

Que dire du dogme ? Ces autochtones le glacèrent au premier abord, si polis et doux, trop absurdes. N’avoir connu qu’un monde malade aux mœurs décadentes l’abasourdi de découvrir des créatures aux personnalités si pauvres. Moulés dans la béatitude. Régis par une morale ridicule, le bon sens, le vrai socialisme, la dictature du bien. Une délire utopiste pourtant crédible. Un véritable choc, tout le sidéra et l’étonne encore. Il est fier de son libre-arbitre, de son esprit critique pour peu pertinent et auteur d’un livre intitulé « Les déviances humaines, une merveille. » ainsi qu’un manifeste « de l’importance des traditions terrestres », qui trouva son petit succès parmi les vieux primates. Car on estima nécessaire de faire reconnaitre les attaches révolues mais vivaces des non-natifs, à l’occasion de la fête des morts par exemple. En outre, ce monsieur apprécie l’occasion d’entendre débattre ce petit cercle d’adeptes aux propos parfois si loufoques et sans sérieux qu’on l’imagine d’avantage comme un club d’excentriques. Les thèmes du complotisme et de la doctrine religieuse ayant pu déteindre sur le monde primaire, voire la nature de l’entité suprême ou sa plausible vaste arnaque, amusent beaucoup ces inoffensifs ignares et blasphémateurs. Un autre ouvrage au subtil titre de « Le saviez-vous ? Les terriens adorent des icônes fantoches », en collaboration avec cette joyeuse bande. Certains voient leur dieu dans un buisson, alors pourquoi pas un marsien ?
 

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Niveau de citoyenneté : Archange  
Langues parlées : Angélique, démonique, anglais, japonais, russe et espagnol, avec un peu d'allemand, de français et de latin, plus des notions en vietnamien
Régénération : Moyenne
Portails maîtrisés : les trois 
Type d'Aura : Triste
Exaltation : Maîtrise correcte

Pouvoir(s) : Grande force, spécialiste de l'aura (et moins en castagne) et un minimum de métamorphose.

L’histoire d’un homme qui a toujours tout gâché, s’est détruit et n’en finit plus de souffrir par pure bêtise. Il a pourtant essayé de devenir bon, meilleur. Une vie simple avec une douce angelotte, de vagues connaissances devenues des amis, des proches. Enfin délivré de tous ses vices et fautes, comme pardonné par la providence ou introduit auprès de Dieu. Enclin à la paix de l’esprit. Une approche sociologique et anthropologue l’amena par fascination ou curiosité à mener une étude de longue haleine de ce nouveau monde, la faune et la flore comme l’architecture, ses mœurs et sa culture. Conscient que ce droit à une seconde chance valait bien la peine de faire tant d’efforts pour être agréable, s’insérer voire servir. Au-delà de l’ironie poignante d’une telle opportunité après un passif perfide. Les foutaises des évangiles et autres fois minables, puériles. S’il s’eut réjouit au bout d’un mois -d’incertitudes et d’ahurisme profond- de ne pas finir aux Enfers, le bougre en vint même à remettre en cause la notion de purgatoire. Or seul un véritable artiste put concevoir ce paysage qui le stupéfia longtemps. Un archipel céleste digne des toiles des grands peintres et des fresques de cathédrales. Et puis les ailes, c’est la classe. Une bonne décennie d’allégresse au sein de l’érudition scolaire, studieux comme jadis, épris de merveille et d’aventures. Seize années de galère et de rigueur, de passion pour ce monde et l’apprentissage de ses richesses anodines pour beaucoup. Si sa logique amusa, ses bonnes bases martiales étonnèrent des natifs. Monsieur s’orienta tout naturellement vers l’ordre de la communication, en qualité de documentaliste puis écrivain versatile dès 1994 ; en plus d'approfondir son cursus dans le domaine de l'aura. Or il fit son service militaire peu après, trop curieux d’adopter la vision du milicien pour se cantonner à la vie civile. De sorte à publier divers témoignages et ressentis sur la chose, une manière d’exorciser son traumatisme de l’armée humaine. Membre de l’unité de protection -après avoir patrouillé longtemps sur les premières îles-, il trouva en définitive stimulant d’être assigné à l’escorte de personnalités de tout bord. Des conservateurs aux gens plus ouvertes à la critique, toutes expériences utiles à nuancer sa vision de ce nouveau monde.

Ses démons vaincus, le mâle franchit enfin le cap du retour sur Terre à la fin des années 2000. Une décision motivée par une quête intime tue, face au déni de la perte. Sa chère et tendre ayant disparu. Morte en mission aux Enfers ou disséquée par son ancienne race ? Impossible à dire. Un poids trop lourd. Une urgence absolue. La société opina en faveur d’un accident de vol, un gamin pour témoin, sauf qu’on ne vit rien de la plausible créature qui fit festin de sa sauveuse. Lui trouva ce sort trop absurde et convenu, voulant donc mener sa propre enquête et déceler un infiltré susceptible d'avoir un renseignement ou pister sa signature énergétique. Ayant l'impression de n'avoir jamais su grand chose de la douce Doline Garll. Qu’il s’abreuve de mensonges pour entrevoir un jour la vérité et l’admette devint-il absurde, du reste ? Chacun fait son deuil à sa manière. Le bellâtre bien bâti n’étant plus ce gringalet pleutre d’autrefois, il lui fut facile d’infiltrer les cercles du crime des viles stratégiques à l’invasion des diables. Des yakuza du grand-Tôkyô à la Birmanie, en passant par les steppes gelés russes ou les pays arabes. Et la plausible déception de son entreprise l’effraya plus qu’aucune perspective de catastrophe ou pacte malveillant de fanatiques et chasseurs d’anges. Une âme solitaire pourtant adoratrice de belles bandes et interactions chaleureuses, passionnelles. Si seul et chétif, pleutre, il écume les bars et ruelles ou parc en quête d’un bonheur perdu, accessible chez d’autres. Illusoire et éphémère remède à sa dérive inexorable. Quelle déveine, se sachant si fragile et candide.

Revenu parmi les mortels, ces larves inférieures, le bellâtre retomba dans ses travers tardifs, lorsque la folie [humaine] le guettait. Comme enivré par le pêché, sa nature. L’ivresse et la violence, les défis fous d’un homme en pleine névrose. Des duels clandestins aux rixes avec la pègre, l’exaltation de la souffrance exorcisait des pulsions enfouies, ainsi que les réminiscences de traumatismes que seule son épouse parvint à contenir. Une brute d’aventure funeste, invincible. Instiller la peur sans son aura fut si jubilatoire. La machine de guerre qu’il ne fut jamais, balayant son immonde faiblesse de jadis, lorsqu’il s’enfonçait dans la jungle à presque vingt-ans et accomplit son devoir de patriote au Vietnam, début 1967. La cruauté des militaires pyromanes et assassins de pauvres civils le transforma. Son innocence perdue dans le racisme, inculqué par un père revenu riard du drame coréen, et la frousse de pâtir d’une quelconque désobéissance alors que certains s’excitaient de ce massacre. Curieux qu’il survécu [six ans] à cet enfer. La sinistre nature de sa race et les remords de ses exactions empoisonnèrent son esprit crédule, naïf, avant que le déni ne l’afflige d’un grave syndrome post-traumatique et qu’il ne parte en vrille. Ses maîtres le muselèrent, ses concitoyens le fustigèrent, ses proches le rejetèrent. Les ordures jugeaient sans savoir, cette profonde ingratitude le révulsa. Voilà ce qu’on gagne à défendre de nobles valeurs, ce fichu drapeau qu’il brûla en lors d’une harangue médiatique ? Seul, sans repères, livré à lui-même et sa tourmente sans véritable répit, à moitié fou et dévasté par les reproches ou l’aversion populaire de ses actes, il perdit pied, se morfondit et éclata de rage dans les baffons des mégapoles. Rien n’avait plus sens, surtout la morale et des lois ineptes. La voie du crime le happa, un délectable vent de révolte. Il cessa dès lors de côtoyer des centres de vétérans, ceux-ci le prirent en pitié. L’appel de la rue, des larcins et braquages ou guerres de gangs, lui offrit cette minime jouissance et la liberté de nuire à ce pays traitre. Si la faucheuse le prit un matin de décembre 1978, alors en cavale, acculé dans les baffons, ghettos, squats ou égouts et campagnes perdues à travers plusieurs états, l’incompris épris de sa vie de bohème garnie de sursauts de terreur et esclandres avec certaines pègres –tel son héros le Punisher- ; le bougre guerroya jusqu’à la fin, semant la crainte jusqu’en prison où les ennemis s’allièrent pour le submerger. Revenir de la jungle pour finir zigouillé dans des douches.