Back to Home || feat.Erem || 14 février 2015

Bien qu'anxieux, le vol se déroula sans encombre. En bon petit golbut égocentrique, je remarquais à peine les sentiments qui rongeaient Erem. Pour ne pas dire pas du tout. J'étais bien trop replié sur moi-même et sur mes propres petites émotions qui s'emballaient. J'avais été entraîné dans une spirale d'événements tous plus inattendus les uns que les autres. Par deux fois nous avions risqué nos vies. Et je dis bien nous, car pour l'instant je ne tenais absolument pas compte de la position d'Erem. C'était cruel… Et égoïste. Mais j'étais aussi ainsi. Diablement intelligent, mais terriblement con. Et terriblement en proie à une tristesse grandissante.

Erem volait auprès de moi, pourtant je ne le remarquais pas vraiment. Mes yeux se perdaient dans le paysage et plus les secondes passaient plus je réalisais… Que le paradis auquel je croyais n'existait pas. La dissociation du véritable enfer et de celui des humains ne m'avait pas dérangé, mais celle du Paradis… Je m'étais consolé pendant des années en me disant qu'Eranann était dans un monde meilleur. Un lieu utopique, un paradis digne d'accueillir un être aussi exceptionnel que lui. Cette pensée m'avait mis du baume au cœur. Un minimum. Mais… Le paradis n'existait pas. Du moins… Pas celui auquel nous croyons. La fatigue, mêlée à la pression qui redescendait, firent que les larmes me montèrent aux yeux. Il était vraiment temps que je rentre. J'essuyais les petites billes qui avaient perlé aux coins de mes yeux avant que quelqu'un ne les remarque. J'avais juste à tenir encore un peu. Juste encore un peu.

Alors qu'Erem m'aidait à redescendre de la bestiole, celle-ci me donna un gentil patpat de la tête. Finalement je l'aime déjà c'te bébête. Gentille chose qui vole. ~ On me donna ensuite un sifflet. Et enfin… Nous revoilà dans mon bureau.

Je restais un instant immobile aux côtés d'Erem/Azem, scrutant mon adoré petit chez moi, comme si je ne l'avais pas vu depuis des lustres. Quand enfin je soupirai. Lasse. Je n'avais plus l'envie ni l'énergie de me prendre la tête. Je retirais mes lunettes et passais ma main dans mes cheveux. J'en profitais également pour frotter mes yeux et nettoyer les verres des larmes discrètes qui les avaient embué. Quant à Erem...

« La journée a été longue, tu devrais aller te reposer. Et moi aussi. »

Toujours aucune compassion. Je méritais clairement des baffes. Mais j'étais bien trop occupé à retenir la crise de nerfs qui pointait le bout de son nez pour me soucier de ce que ressentait Erem. Oui c'est horrible, je sais. Sai est ainsi. Je voulais tout, sauf imploser devant lui alors, toujours aussi froidement j'enchaînais :

« Tu connais la sortie. »

Erem ne partait pas. Pourquoi est-ce qu'il refusait de partir. Evidemment qu'on avait des choses à se dire, mais ce n'était pas le moment… Ce ne le sera sans doute jamais d'ailleurs, mais juste maintenant je ne pouvais pas. Je lui tournais le dos quand il m'annonça qu'il fallait qu'on discute. C'est pitoyable, mais je ne trouvais pas le courage de lui faire face. Je ne savais plus si j'étais en colère parce qu'il m'avait trompé ou si j'étais juste triste. Triste, déçu, fatigué… De la colère ? Oh final pas tant que ça quand j'y réfléchis. D'ailleurs je n'avais pas droit de lui en vouloir, quand moi-même je me cache derrière un personnage. Mais moi c'est différent… J'ai tué Sai il y a bien longtemps. Flippy est mon unique moi. Pourtant parfois je m'y perds et… A bout de nerfs, je sentais que j'allais craquer si je lui faisais face. Je ne pouvais pas me le permettre. J'avais trop honte de m'exposer ainsi.

Il était hors de question que le masque se fissure.

Tandis que je restais aussi rigide qu'une statue, de crainte que le moindre geste emporte mes larmes avec lui, j'écoutais Erem du mieux que je le pouvais. Oui, nous avions frôlé la mort tous les deux, il s'était mis en danger pour moi et… C'est vrai que je ne réalisais pas bien tout ça et je voulais m'excuser mais… Je me murais dans le silence et plus je crispais ma mâchoire, me mordais les lèvres, serrais les poings pour me contenir, plus je m'enfonçais dans ce comportement d'ignorance, de rejet alors que… Ce n'était peut-être pas ce que je voulais. J'étais coincé dans une attitude qui ne me convenait pas et je ne savais pas quoi faire pour en sortir. J'entendais sa voix qui tremblait. Je savais qu'il pleurait. Ce n'était pas la première fois que je faisais couler ses larmes. Je suis sans aucun doute le pire des deux.

Je l'entendis tomber au sol, tandis que je sentais mon visage fondre. Parfois, tous les événements et sentiments que j'ai enfermé dans un énorme sac, enseveli quelque part au fond de mois refond surface, sans prévenir, parfois à cause d'un stimulus stupide. Et aujourd'hui c'était précisément ce qui était en train de se produire. Malgré le temps passé, je ne sais toujours pas me gérer quand cela se produit. J'étais incapable de répondre à la détresse d'Erem et je m'en voulais pour ça. Serrant les poings jusqu'à enfoncer mes ongles dans la paume de mes mains, je rassemblais tout ce que j'avais de force pour articuler :

« Désolé, je ne peux pas te répondre... »

Ma voix était complètement éraillée, mais je tentais encore de maintenir le cap, déglutissant à maintes reprises pour ravaler les sanglots qui me serraient la gorge. Je voulais juste sauver la mise… Aussi misérable que j'étais. Le pire de tous, pour être incapable de répondre à celui qui m'avait sauvé la vie.

J'avais mis tout ce qu'il me restait de volonté dans ces quelques petits mots. Dommage qu'ils n'aient aucun sens. Erem ne pouvait pas comprendre. Certes, j'avais été plus que perturbé par ces révélations, je n'avais pas apprécié n'avoir eu que de la poudre aux yeux, mais je devais bien reconnaître que je lui avais déjà pardonné. C'était autre chose que je tentais de lui cacher, préférant qu'il s'en aille quitte à ce qu'il me déteste plutôt que de me montrer sous ce jour.

Et il insistait pour que je lui parle… Evidemment qu'il s'obstinait. Ma pseudo réponse n'avait rien de satisfaisante. Quand il attrapa l'arrière de mon gilet, je compris qu'il ne me laisserait pas. Il pensait vraiment que je lui en voulais pour ses mensonges mais… Si c'était vrai sur le moment… A présent je n'en avais juste pas la moindre idée. Ce semi quiproquo me tapa sur les nerfs. Sentir ce semblant de contact m'était insupportable.

« Non c'est pas ça ! » m'écriai-je soudainement en me retournant pour balayer sa main qui agrippait mon haut. Voulant instinctivement m'éloigner, je reculais de quelques pas, mais je me heurtais bien vite à la chaise de mon bureau. Je ne pouvais pas aller plus loin.

Ca y est, ce que je redoutais était arrivé. J'avais craqué. Les larmes coulaient. Pas de celles qu'Erem avait déjà pu voir, ces larmes de crocodiles capricieuses. Non, aujourd'hui c'est Sai qui pleurait. Maladroitement, j'enlevai mes lunettes pour les poser sur mon bureau, cachant mon visage dans mes mains. Mais ce n'était pas suffisant, alors j'agrippais  le haut de mon T-shirt, suffisamment pour pouvoir enfouir une partie de mon visage dedans.

Je suppose que j'étais encore trop immature pour envisager ce qu'il pouvait ressentir. Meurtri et perdu devant un type trop torturé pour exprimer ce qui n'allait pas. Pas une seule seconde je ne me positionnais du point de vue d'Erem. Je le savais et pourtant…

« C'est pas ça du tout... » grommelai-je en tentant de rendre mes sanglots les plus silencieux possible.

Comme si Erem ignorait que je pleurais.
Stupide.

Et voilà. Je pleurais comme un con dans mon T-shirt. Incapable d'expliquer pourquoi. Ce serait bien trop long et surtout… J'avais complètement enterré Saíréann. Ce nom ne signifiait plus rien, pourtant ses démons et ses peines m'habitaient encore. La plupart du temps ses tourments me laissaient tranquille. Ils étaient pourtant omniprésents et de temps à autres ils se plaisaient à me le rappeler. Je refusais néanmoins et de toutes mes forces de prendre la parole sur le sujet. Je refusais de redevenir Saíréann, de retourner à néant et de revêtir les vêtements de cette coquille vide qui avait perdu sa seule raison d'exister. Le mal-être était pourtant bien présent et seul, le nez enfouit dans mon T-shirt, je ne mesurais pas la gentillesse et l'abnégation de l'archange. Je ne méritais pas tant d'attention. Car, alors que je l'ignorais, le malmenais, puis pleurais dans mon coin le laissant à terre, il se releva, doucement. Je pouvais l'entendre. Il avait compris que quelque chose d'autre n'allait pas et plutôt que de rester sur sa position, il avait pris la décision de donner la priorité à mes tourments, au détriment des siens.

Bloqué par le bureau, je fus incapable d'esquisser le moindre geste quand il me prit dans ses bras. Sa prévenance n'arrangea pas les choses. Cette fois, je ne parvenais plus à rendre ces larmes silencieuses. Je n'avais pas non plus la force de le repousser, ni même de le prendre dans mes bras. Je me contentais de rester contre lui, ma tête reposant sur son épaule, mes mains continuant de cacher mon visage.

«  C'est rien… C'est rien du tout...  » articulai-je avec peine, reniflant bruyamment. « Ca va passer… C'est rien...  » répétai-je comme pour m'en convaincre.

Il n'y avait rien à faire. Je ne dirais pas un mot à propos d'Eranann, de toute cette histoire… Il n'y avait qu'à attendre que je me calme. Ce que je fis, ma tête reposant toujours contre Erem.

« Désolé...  » marmonnai-je.

Désolé de quoi ? De tout en fait. D'avoir été un méchant rouquin. D'avoir été égoïste. De l'être encore. De pleurer sans rien dire. De me montrer si pitoyable…

Haaa… moi, moi et encore moi. Peut-être qu'Erem avait vraiment fait une erreur en allant à l'encontre des siens pour me sauver...

Alors que ma tête reposait sur son épaule, que je chouinais comme une gamine, j'étais encore incapable de prendre en compte la présence d'Erem. Plus égoïste tu crèves. Je n'étais centré que sur moi, moi et encore moi. Rien d'autre n'existait aux alentours. J'avais beau avoir formulé un semblant d'excuse, elle était vide de sens et ne faisait référence à rien de précis. Je pensais sentir que l'archange tentait de me consoler du mieux qu'il le pouvait. Mais rien n'y faisait. Tout ce qui m'entourait était comme flouté… Tandis que je me reprogrammais mentalement. Je cherchais l'erreur qui buggait tout le système, pour la corriger, et passer en mode reset factory. Ainsi, ce fâcheux événement ne sera plus qu'un lointain souvenir. Un lointain souvenir dont on ne reparlera jamais. D'ailleurs, j'arriverais à un niveau de persuasion tel que je douterais moi-même de l'avoir vécu. Et à partir du moment où moi-même je n'y croirais plus, tout rentrera dans l'ordre.

Evidemment ce reformatage prenait du temps. De précieuses secondes pendant lesquelles Erem tentait de comprendre le cours des événements. Qu'est-ce qui pouvait bien m'atteindre à ce point ? La réponse restera à jamais en suspend. Sai n'a jamais existé. Ca n'a aurait aucun sens de débattre sur une non existence. Brièvement et malade comme je suis, je pensais aux diverses traces de son existence que j'avais à jamais effacées. On pouvait aisément remonter les traces de Flippy le hackeur… Mais Sai n'est qu'un fantôme… Oui, dans un tel moment, je pensais réellement aux détails qui avait pu m'échapper. Ce craquage remettait énormément de choses en perspectives.

Au fur et à mesure, je finis par calmer ma respiration. Me forçant à la retenir avant d'expirer pour la ralentir plus que nécessaire. Ainsi je retrouvais mon calme. La reset factory avait bel et bien été initiée, elle touchait d'ailleurs à sa fin. Il me suffisait de quelques respirations supplémentaires et tout rentrerait dans l'ordre.

Trois, deux, un… Je relevais la tête, essuyant rapidement les larmes récalcitrantes qui striaient mes joues puis… J'affichais un sourire sorti de nul part. Mes mains vinrent se poser de part et d'autre le visage de l'archange. J'espérais sans doute le gêner un minimum, pour redevenir maître de la situation.

« Oublie ça, tu veux ? Je vais bien. » dis-je en feintant la légèreté, mes yeux, encore humides, faisant de leur mieux pour ne pas trahir mon imposture de sourire.

Flippy revenait petit à petit. Encore quelques secondes… Et il aura complètement regagné le terrain.


Heeeeey, quasi un mois plus tard voilà ta réponse , I'm so sorry U knooow D: J'espère que ça te va et que c'est encore dans le mood du rp. Vu que je viens de poster pour mon ralentissement, surtout prend tout le temps qu'il faut pour me répondre. Bisouillllle luv luv <3