Jill L. Donovan, civile fouineuse et acariâtre

Eprise d’aventure et de liberté en un monde de laideurs, la petite blonde pâle culmine à un mètre soixante-trois pour près de cinquante kilogrammes avec sa discrète musculature, de grands yeux jaunes mornes et l’arsenal de sourires ou rictus susceptible de surprendre. Plutôt costaud(e) pour son gabarit, un petit phénomène de foire aux jolies courbes. N’étant pas une brute ni d’un naturel sanguin, colérique, elle n’en remarqua jamais la pleine mesure, l’écart significatif. Une silhouette alors attrayante, aguicheuse avec la robe adéquate. Mignonne au naturel, sans être sensuelle. Drapée de couleurs ternes, sobres, avec une besace beige en bandoulière sur l’épaule, la lanière parfois en travers de sa poitrine. La démarche à peine gracile, pas le moins du monde tentatrice. Une écharpe ou châle élude parfois avec pudeur  ou élégance sa nuque, ses épaules un peu nues et son décolleté sexy, comme si l’idée de plaire au plausible mâle providentiel lui apportait du réconfort en ces heures sombres. Outre quoi, l’étudiante blasée abhorre ses parents et le fait d’avoir dû déménager dans une ville de la démesure, d’orgueil, bâtie dans le désert, un grand délire d’architecture dédié aux fastes et à la dépravation, véritable crachat à mère nature et ode à l’american dream, autre désillusion d’adolescente désabusée. Elle qui crèche  avec sa rancœur dans la banlieue résidentielle [de] West Point –avec son chouette sahara lake où s’isoler et réfléchir, se balader- mais fréquente surtout le quartier étudiant à l’Est (pour son clark county westland park et la bibliothèque) propice à noyer l’ennui tenace. L’initiative d’investigations sérieuses, ou presque, s’actait dans l’optique d’enquêter sur des énigmes autres que le mystère de sa propre situation. Une manière d’évacuer sa frustration et de se divertir durant des périodes de creux, comme les révisions et devoirs ou heures de quartiers libres, puisque mademoiselle ne fricote ni ne batifole. Faire les boutiques et la tournée des établissements de débauche ne l’emballait pas, autant fuguer. Ce qu’elle se garda de faire, par égard pour sa pauvre mère, malheureuse ménagère modèle.  

Nihilisme, le profil type d’asociale indignée de la bêtise de sa propre espèce, trop aveugle pour concevoir la futilité de ses convictions au demeurant nobles. Une paumée qui s’élança dans l’activisme de la cause animale et écologique, contre le consumérisme et les dérives d’un dogme du profit ou des mœurs imbéciles, égoïstes, voraces et pernicieuses. Comme si se pavaner avec le sourire et l’âme charitable auprès des clochards, migrants dans la mouise ou associations peu véreuses la rendit moins impure et coupable. A quoi bon lutter alors, si sa petite personne n’y changeait rien ? Le système écœure, châtie par intérêt ou dénigre les parias. D’avantage une marginale incomprise qu’une socialiste engagée. Sa nouvelle condition ne pouvait dont qu’aggraver sa profonde lassitude, une dépression. « Cette ville part en vrille, comme tant d’autres avant elle. L’épisode des disparitions reste cela dit troublant. Les victimes (après une petite enquête de sa part) n’avaient en commun qu’une seule chose, leur [relative] bonne santé. Or seule une secte –souhaitant là fédérer des adeptes par ce coup d’éclat- ou un trafiquant d’organes en aurait l’utilité en l’absence de corps, et qu’aucune rançon n’a été rendue publique. Difficile donc de croire au rapt pour fétichisme ou déviances lucratives de la sorte. Du reste, la thèse des enlèvements par des agents gouvernementaux à des fins d’expériences secrètes n’a pas d’avantage de sens. Certes un sans-abri n’est pas un cobaye de bonne facture. Et le FBI serait de connivence ? Ridicule comme complot. », clamait-elle hier à l’intention d’un plausible recruteur ou émissaire de la brigade de fêlés du journal ou de la cellule d’enquête clandestine de civils hystériques en lien avec le TALIV. Écumer les blogs locaux la raidit d’animosité. La blonde platine n’aspirant qu’à pourrir la vie de ses parents afin de se tirer de ce guêpier, plus par dépit que crainte d’être la plausible prochaine victime d’un ravisseur quelconque. Une solitaire aigrie, taciturne et sans passion particulière, en somme.  

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Sous-Race : démone, nakhara
Classe : moyenne ?
Connaissances sur le paranormal : modeste
Langues parlées : anglais (US et international), espagnol
Régénération : faible, mais meilleure qu'un humain
Portails maîtrisés : aucun
Type d'Aura : froide, triste et hargneuse
Miasme / Exaltation : aucune maîtrise

Pouvoir(s) : résistance au miasme et aux maladies, grande force, régénération supérieure, ongles solides

Fadaises, s’insurgea la gamine sans plus d’attaches qu’un littoral, le grand zoo et une baraque paisible. Aucun regret vis-à-vis de ses camarades de classe et autres soupirants, les spectres d’une vie révolue, dérisoire. Son doux minois n’accorda plus d’intérêt réel qu’à oublier ce cauchemar. Des merveilles foisonnant aux alentours, en dépit du climat d’insécurité actuel. La ruine attendait-elle cette mauvaise troupe ? Un funeste dessin guettait-il déjà l’étourdie en vadrouille ? Ses actes minimes lui valurent alors cette déportation ? La jouvencelle têtue tint à ne solliciter quiconque au travers de cette épreuve. Un brin de repérage à ses heures perdues et sa débrouillardise lui assurèrent de cheminer sereine à bicyclette vers maintes destinations. Prudente, une forme de couvre-feu s’imposa. Et au diable le permis de conduire, plutôt prendre un tram ou l’autocar et braver les périls de pulsions sottes, grossières. La caractérielle Jill n’aima jamais l’idée qu’un fêtard ou concubin d’une connaissance de classe insiste pour la raccompagner à son domicile, fabulant alors à des virées sordides et prétexte au mensonge. Son preux prince n’advint pas lors de sa scolarité tumultueuse à San Diego (en Californie), aussi lui arriva-t-il d’éconduire et envoyer paître machistes et conquérants de la sorte, humiliés de tirades vindicatives. Ce genre de laidars faillit presque la lasser des mâles, les gentils spécimens s’avérèrent intimidés ou craintifs, idolâtres et puérils, en de rares cas chevaleresques. Or trop de pouffes peinturlurées et gamines superficielles ou brebis victimes de la norme et des modes, si ce n’est la perversion et l’aspect régressif de l’effet de groupe, qui achevèrent son optique d’envisager une romance homosexuelle ; en dépit toujours de relatives consœurs adorables, galantes ou bonnes copines. Définie de prime abord par sa froideur et sa nonchalance insolente ainsi qu’un minimum d’éloquence, d’audace et de sang-froid, pour peu intrépide avec son esprit vif, sagace mais empirique. En aucune façon superstitieuse.

Erreur grossière. Certes le devoir et les obligations d’un adulte impliquent d’être absent, mais personne n’oblige quiconque à négliger sa progéniture et son épouse. Hormis les scélérats sans cœur, ou trop dévots à une cause, tels ces patriotes partis au front. Et lui ose s’étonner qu’on lui reproche ses choix douteux aux réponses évasives, fumeuses. Hypocrisie ou égoïsme ? Et quel bonheur, alors ? Son couple véritable naufrage, béni d’une seconde chance ici bas. Une génitrice d’ordinaire silencieuse à ce propos, à moitié dans le déni ou complice d’une honte parentale –que la tentation de l’alcoolisme faillit prendre- tandis que leur fille n’aima guère concevoir cet exil comme une opportunité. Son père prenait si bien cette chance d’un nouveau départ et formidable occasion de renouer avec les siens. Elle en aurait pour peu l’intime conviction qu’il lui cache quelque chose de pire qu’une aventure, comme une mutation d’agent fédéral ou la nécessité de fuir des créanciers de l’ombre. Quoiqu’un minable pareil pourrait bien être un escroc d’envergure que cela serait pareil. Mademoiselle avait aussi pu oublier de pareils détracteurs, dans une moindre mesure, les habituelles canailles d’école et harceleurs superficiels qu’elle s’imaginait déjà retrouver au premier jour de sa nouvelle scolarité. Bizutage de fratries étudiantes, propagande risible des cheerleader mais encore l’approche discourtoise de badauds du genre ou dragueurs de pacotille. La blonde à peine coquète ne songea plus à le punir par autre chose qu’une mine froide, morne, distante et lourde de reproches, là où partir en vrille parut absurde. Autant témoigner de l’indifférence au moindre égard, comme du cynisme d’ailleurs. Prompte à torpiller la carrière d’un père indigne -et fou de croire qu’on lui pardonnait ses manœuvres infondées-, l’héritière ombrageuse écumait encore hier la ville afin de remonter la piste de ses mensonges, depuis l’adresse de rendez-vous d’entretiens d’embauche à l’expédition d’une première fiche de paye tandis que piétiner là l’empourprait trop.

Rancune, à mi chemin entre la sourde fureur et l’envie parfois de déchainer sa frustration sur quelque malotru. La douce délivrance d’une baffe, suivie d’une morale acerbe. Les filous sans cervelle s’avérant légion, plus rares étaient ces braves ou niais à l’aborder sans ardeur. De l’adorable hispanique qui témoigne de la chaleur humaine envers les esseulés, au jeune athlète afro véritable soutient en cours de sport aux groupies harassantes, ou le gentil féru de science avec ses conseils avisés mais qui fait de la peine, le genre d’individus adulés ou victimes de brimades qu’elle approche peu, sauf l’éventuel compagnon d’infortune. Pauvre bougre sans ami dans l’entourage scolaire que Lily rejoint volontiers lors des phases en binômes, plutôt que de laisser lambiner dans la honte et le désarroi. D’infimes initiatives où elle apparait moins austère et marginale, toujours insondable et scrutatrice hélas. La pucelle pâle prend de même garde à ses biens, du casier de couloir au bureau ou en salle d’étude, comme à la bibliothèque et au réfectoire, un incident survient lorsqu’on relâche sa vigilance. Mais médire et rembarrer ou mettre à bas n’est pas trop dans sa nature, de même qu’expérimenter des activités inédites afin de tuer l’ennui. La moralisatrice préfère qu’on s’interroge au travers d’une introspection, comme si ses professeurs échouaient en un certain sens à accomplir l’éveil des consciences. Un peu présomptueuse, donc, pas fanfaronne cela dit. Juste dépitée par les pires fléaux du genre humain, des façades de coquilles creuses, viciées, aux causes perdues. Des parasites, de la vermine que chacun tolère sans trop s’indigner. Une société aveugle, un monde malade et des impuissants incompris. Elle se lève parfois avec l’impression de n’être pas à sa place, d’avoir atterri en plein délire. Le royaume des fous et des pillards. Qu’ils se suicident seuls ou s’entre-dévorent de manière littérale, le glas sonne déjà et des voix se perdent dans la cohue des inepties. Le trépas, une solution personnelle qui la trotte certains soirs, seule avec de sombres échos.