Interrogatoire ou inquiétudes ? || PV Nero

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Ne va pas croire que je m'inquiète pour toi. Ce n'est presque pas vrai... ─ feat. Neroyski Sorensen

C’est un pas lourd qui te conduit jusqu’à l’infirmerie. Non pas que tu n’as pas envie d’y aller. Un ordre du Capitaine reste un ordre. Et il est sûr et certain que tu te déplaces en son nom avec pour mission de récolter des informations sur ce qu’il vient de se passer à l’hôpital de Valley. Après tout, ça reste ton travail. Mais avances-tu vraiment dans l’optique de ne pratiquer qu’un vulgaire interrogatoire ? Il semblerait plutôt que les raisons qui te portent au centre médical de l’ISMADD sont plus que floues. Tu feras ce que le Capitaine Alastor a exigé de toi. A n’en pas douter. Mais le feras-tu correctement ? Tu n’en sais rien. Parce que quelque chose t’empêche de penser de façon rationnelle. Ce qui, en temps normal, est bien rare de ta part.

Comment va-t-il ?

Un soupir t’échappe alors que tu continues d’avancer tranquillement. Tu te pinces l’arrête du nez de tes doigts fins en pestant contre toi-même. C’est quoi ça... Un élan d’inquiétude envers Nero ? Certainement. Sinon, comment expliques-tu ce sale frisson qui a parcouru ton échine quand tu as appris que ton collègue avait été blessé lors de cet incident ? Pourtant, ce n’est pas la première fois que tu éprouves ce genre d’émotions. Après tout, cet exorciste est plus qu’un collègue. Et tu n’es pas du genre à passer des moments de détente avec des personnes que tu n’apprécies pas. La crainte t’a gagné bien plus d’une fois en ce qui le concerne. Sauf que tu ne le montres pas. C’est tout. Tout comme tu refuses d’admettre que tu prépares cet interrogatoire non seulement pour des raisons professionnelles mais surtout, pour des raisons purement personnelles.

Les protocoles de sécurité enfin passés, te voilà rendu à destination. Ta main est hésitante. Mais tu finis par appuyer sur cette poignée de porte pour entrer dans la chambre privée du blessé. Silencieusement. Comme pour ne pas faire savoir que tu es là. Pas encore. De longues secondes passent avant que tu ne t’approches. De longues secondes durant lesquelles tes iris ambrés se posent sur Nero qui ne semble pas avoir capté ta présence. S’il dort ou non ? Ce n’est pas vraiment la question que tu te poses. En réalité, tu ne te poses aucune question. Les choses sont toutes autres dans ton esprit. Tes pupilles fixent ton collègue tout comme elles ne discernent rien du tout. Le vide. Ces quelques secondes te suffisent à te repasser en boucle les épisodes de l’hôpital de Valley. Tu n’étais pas là. Pas au bon endroit. Toi, tu n’as fait que suivre cet ordre...

« La zone est sécurisée et nous sommes assez sur place. Retourne avec les autres pour aider à s’occuper des civils. Ils auront probablement des informations à nous donner. Tu te joindras ensuite à l’équipe qui assurera un retour sans danger à l’ISMADD. »

Tu ne le regrettes pas. Mais si tu avais été au bon endroit, en serais-tu là ? En serait-il là... Un regret ? Non. Une déception. Sûrement. Mais tu te confortes en te disant que tu ne peux pas être partout. Et Nero n’est pas non plus un enfant. Ce sont également les risques qu’il a accepté de prendre. Les risques du métier. Tu n’as rien à te reprocher. Tu ne dois rien te reprocher. Et c’est sur cette pensée que tu reprends tes esprits afin d’avancer vers celui que tu es venu interroger. Et quand tu fais face au lit qui abrite ce jeune militaire, tu es silencieusement soulagé de constater que son état ne semble pas critique. Ce qui n’empêche pas ce malaise de te gagner. Tu retiens un soupir avant de briser le silence de la pièce.

« Et bien. Il semblerait que tu aimes te mettre dans des situations délicates. »

Tu bouges vers la fenêtre de la pièce avant de t’adosser au mur, jetant un œil à l’extérieur. Puis tu reprends Nero en ligne de mire. D’un regard neutre. Mais d’un regard amical qui n’est pas forcément synonyme de la fonction que tu as.

« J’espère que tu vas un peu mieux. J’ai quelques questions à te poser. »

Une manière qui pourrait paraitre bien rude pour exposer la raison de ta venue. Mais derrière ce comportement objectif se cache une réelle inquiétude. Et ce cher Neroyski se doutera probablement que l’affirmation sur son état traduit en réalité une question à laquelle tu espères avoir une réponse réconfortante.

Sous léger oxygène, Nero avait fini par somnoler sous la tente, les anti-douleurs qu’il avait reçu pour les coups et sa plaie faisaient effet et il ne sentait pas grande douleur. De toute façon, il n’était pas sérieusement blessé, il le savait. Le bleuté n’ouvrit qu’un peu les yeux lorsqu’il fut transporté dans l’ambulance.

« Nous vous emmenons au QG. »

La route ne fut pas bien longue mais ça le jeune homme ne le réalisa pas vraiment, il tomba dans le sommeil plus profondément cette fois-ci et ne se réveilla que lorsqu’ils le transférèrent dans un lit et qu’il quitta le brancard. Les yeux parfois entrouverts, il put discerner de temps en temps des lieux familiers mais dont il n’avait que peu vus les plafonds. Il fut mis dans une chambre privée, branché aux autres machines.

« Comment va la douleur ? On m’a dit qu’un agent de votre division va venir vous interroger, ça ira ? »

Le bleuté hocha la tête avec un sourire. Pas de problème de douleur, il était juste un peu dans les vapes. Il referma doucement les yeux, se demandant qui allait venir lui poser ses questions. Il rouvrit doucement ses deux saphirs lorsqu’il entendit vaguement le bruit de la porte s’ouvrir. Un médecin ou un de ses collègues ? Sa voix ne tarda pas à se manifester, et Nero reconnu facilement celle d’Isaiah. Des situations délicates hein ?

« Haha, tu n’as pas tort. » Un léger rire s’échappa de ses lèvres, habituelle bonne humeur n’était pas une preuve de son état mais encourageait à le penser. Le bleuté en profita pour se relever un peu, afin d’être mi assis, mi couché, les gestes étaient légèrement gauches mais sans plus. Il mit bien les coussins et appuya sur le bouton pour relever le lit. Le voilà donc qui pouvait bien voir. « Salut, Isaiah. »

Même s’il ne le montrait pas, il était sûr que son collègue s’était inquiété. Enfin, Isaiah était plus qu’un simple collègue, il avait été son référent et était un homme bien, qu’il appréciait. Quelqu’un qu’il considérait comme un ami malgré leurs différences.

« Je vais bien ne t’en fais pas. Si ça se trouve, je ne garderais même pas de cicatrice… Quoi que ça serait une preuve de virilité, héhé. » Ce n’était pas très sérieux. Nero ne pensait pas que les cicatrices traduisaient la virilité. Ou que la virilité était importante. « Je suis un peu dans les vapes alors si je dis des choses bizarres c’est normal mais pose tes questions ! Et tu peux t’asseoir ici si tu veux ! »

Nero avait tapoté le bout de son lit tout en ayant un peu replié les jambes. C’était le travail d’Isaiah de lui poser des questions et ça ne le dérangeait pas.

Comme il s’en doutait, l’égyptien n’était pas du genre à se poser tranquillement pour un interrogatoire mais Nero n’en pris pas ombrage. Ce n’était pas le genre. Il se contentait d’attendre patiemment les questions en se concentrant. Un peu difficile en sentant comme s’il avait pris quelque chose qui le faisait planer, mais il avait envie de faire son mieux pour ne pas perdre le fil de son discours.

« Peux-tu me dire ce qu’il s’est passé, comment tu as attéris à l’hôpital et comment ça a commencé ?
- Hmmmm…. C’est vraiment de la malchance pour le coup… Je rentrais de la piscine. J’étais en voiture, j’ai été éblouis par le soleil et j’ai percuté un cycliste. Il me semblait avoir le bras cassé alors je lui ai proposer de directement l’emmener à l’hôpital qui était à trois rues. Je suis rester avec lui pour payer les soins. Je voulais vous appeler pour vous prévenir que je serai en retard mais c’est à ce moment là que j’ai réalisé que j’avais oublié mon téléphone dans la voiture. »

Nero fit une pause et soupira. Il avait essayé d’être lent, même s’il était du genre à parler vite, pour permettre à Isaiah de tout noter. En même temps, cela lui permettait de revoir un peu le fil des évènements qui s’étaient enchaînés très rapidement.

« C’est après que l’attaque a commencé ?
- Oui, nous devions être une trentaine dans les salles de soins les plus proches, il y avait quand même beaucoup de mouvement et là j’ai vu une femme. J’ai tout de suite compris qu’il y avait quelque chose de louche… Je ne sais pas pourquoi, elle était vêtue d’une sorte d’armure et avait une arme étrange, une sorte de fouet tranchant et très mobile. Je pense que j’ai reconnu le style démonique. Je n’ai pas eu le temps de réaliser avant qu’elle n’attaque les personnes les plus proches d’elle.
- Tu serais capable de la décrire à un dessinateur ?
- Oh, oui, tout à fait, aucun problème. Ensuite c’est là que ça devient un peu flou je t’avoue, tout s’est passé très vite.
- Tu te souviens de ce que tu as fait en premier ?
- Oui, quelque chose d’inconscient je pense, mais je n’avais ni arme, j’étais en petites chaussures, j’avais une chemise et un short de bain… Je lui ai sauté dessus alors qu’elle tentait d’attaquer quelqu’un d’autre. Il y avait une personne avec moi… Une jeune femme blonde… Elle semblait moins effrayée que les autres à l’attaque. Alors j’ai pris la décision de lui donner le numéro du standard de l’ISMADD et de dire qu’on était face à un niveau 9 sans rien lui dire d’autre. Je l’ai couverte le temps qu’elle nous appelle. Tu sais si elle va bien ?
- Nous n’avons pas pu identifier la personne qui a appelé encore. Mais nous avons photographié les personnes qui ont survécus. En tout cas, c’est cet appel qui nous a informé sur la situation.
- D’accord… Donc ;.. Ensuite…. J’ai essayé de me battre contre la démone mais je ne suis pas vraiment arrivé à la toucher… Ha oui… C’est à ce moment là que je me suis rendu compte de quelque chose d’étrange… En fait durant mon combat avec elle, elle ne voulait pas vraiment me faire du mal, du moins, c’est ce que j’ai ressenti. Je pense que j’ai réussi à la blesser légèrement, je lui ai peut-être fracturer la jambe… La jeune femme qui m’aidait a poussé un lit dessus pour la maintenir. Pendant tout ce temps j’entendais plusieurs explosions à côté, et je t’avoue que je ne sais pas vraiment ce qu’il s’y est passé. Comme je m’étais blessé au ventre et que ça me gênait j’ai décidé d’agrafer moi-même la blessure, haha… C’était un peu moche mais ça a fait le taf… Le combat a continué, et elle a fini par invoquer… ou faire apparaître des fleurs jaunes… Je me suis senti vraiment bizarre…. Et je me suis réveillé dans l’ambulance de l’ISMADD… »

Un dernier soupir. C’était un récit assez long. Il prit un peu d’eau car il commençait à avoir mal à la gorge. Un petit coup de barre, l’adrénaline était passée.

« Merci, j’enverrai un dessinateur plus tard, tu peux te reposer, Nero, tu as fait du bon travail. »

Et sous cet encouragement, le bleuté sombra dans un sommeil plus réparateur que les précédents.

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