♪ Paperasse et papotages ft. Gabriel | 27 juin 2015

De la paperasse et du papotage
27 juin 2015Gabriel & SybilVoilà encore une journée qui s'était avérée très chargée pour la Conseillère de la Justice. Elle était assise à son bureau depuis le petit matin, s'acharnant à l'ouvrage. Le taux de criminalité au Paradis était peu impressionnant et de son temps de magistrat elle assistait à seulement quelques procès par mois, il fallait dire que les juges étaient assez peu nombreux comparés aux médiateurs très souvent sollicités. Néanmoins avec ses nouvelles fonctions, elle se retrouvait bien plus occupée que jamais par la législation ou encore l'administration. Ainsi, l'archange se trouvait à taper sur sa machine à écrire, au milieu de piles de papiers, tous classés et rangés mais étouffant l'espace.

Il y un an, Sybil n'aurait jamais cru arriver au poste de Conseillère de la Justice. Bien sûr, elle avait tout de même passé plus d'un millénaire dans cet ordre mais à l'époque son frère Sid occupait le poste et elle s'était trouvé un goût pour l'enseignement et avoir rejoint le corps enseignant de l'Académie et avait d'ailleurs été brièvement nommée Conseillère de l'Education bien qu'elle donna sa démission après une série d'événements qu'elle décrirait comme "funestes". L'ange bleue avait même erré dans le monde des humains pendant un temps bien que les mortels ne l'aient jamais intéressée. Elle avait beau avoir eu un enfant avec l'un d'eux, enfant qui était désormais parmi les anges et qu'elle chérissait, les humains étaient éphémères et les anges éternels. Elle était d'avis que les deux races ne se comprendraient jamais. Ce qui pouvait affecter les humains ne durerait jamais très longtemps tandis qu'au Paradis, la moindre erreur pouvait avoir des répercussions désastreuses, atteignant des anges parfois âgés de quelques années aux plus vieux, ici depuis des millénaires. Une vie de misère dans une société corrompue s'arrêterait au moins un jour pour un mortel, pas pour un ange. En soit, avoir une vie aussi courte était peut-être à l'avantage des humains mais malheureusement Sybil n'en était pas une. Elle se devait de faire en sorte que la paix et l'ordre soient maintenus chaque jour, parce que le bien-être et la sécurité des siens étaient plus importants que n'importe quoi à ses yeux. C'était aussi d'ailleurs pour cette raison qu'elle était "rapidement" revenue de son séjour chez les mortels après la disparition d'Ophiel. Elle aurait pu ignorer ce qui agitait à l'époque la société angélique mais cela lui était impossible. Les siens et leur bien-être comptaient plus que tout pour elle. C'était comme une réaction spontanée de son corps. Ophiel disparaissait et Sybil revenait à la surface, reprenant son métier d'enseignante à l'Académie. Le jeune Erëm révélait le secret des anges pour sauver un humain et se faisait juger en conséquence, Sybil prenait le poste de Conseillère de la Justice. Elle se demandait presque quel genre d'incident allait se passer ensuite et comment elle y réagirait.

Alors que ses mains s'affairaient toujours au travail, son assistant lui informa de la visite du Conseiller de l'Armée Régulière. En effet, la Conseillère avait assez souvent eu l'occasion de travailler avec Gabriel Azachim depuis la prise de ses fonctions, leurs tâches étant intimement liées. La belle lui indiqua de faire entrer le Conseiller. Elle mis de côté sa machine à écrire, remarquant que cette visite était au moins une bonne excuse pour décrisper ses mains. Elle se leva de son bureau, accueillant son collègue d'une salutation polie.

- Naho'yell, Conseiller Gabriel. Que me vaut l'honneur de votre visite ? Je vous en prie, asseyez-vous donc.

Après qu'il se soit assis en face de son bureau, elle pris elle-même place. En réalité, elle avait quelques idées quant à la raison de sa venue. Mais comme à son habitude, Sybil préférait l'entendre des lèvres de son interlocuteur. Elle rayait déjà la pensée qu'il soit venu pour autre chose qu'une histoire professionnelle. Ils avaient certaines choses en commun, un âge similaire, ils avaient tous deux suivi le cursus de l'ordre la Justice, ils étaient travailleurs, néanmoins ils n'avaient jamais vraiment été amis. Pourquoi ? A vrai dire, ils n'avaient jamais pris le temps de vraiment se connaître. Lorsqu'elle était dans l'Education, leur relation se résumait à des salutations polies, aucune aversion, aucune attraction. Depuis le peu de temps qu'elle siégeait au Palais de Justice, les deux archanges étaient sans doute trop préoccupés par leurs devoirs plutôt que par la causette. Ainsi, elle s'attendait à ce qu'il lui parle d'une affaire qu'il allait devoir passer à la Conseillère. Peut-être une altercation entre anges où l'armée régulière avait intervenue mais où la justice et les médiateurs étaient maintenant demandés ? Une enquête éventuelle ? Dans tous les cas, la bleue se trouvait toute ouïe en face de lui.

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**Arrivée** : 10/02/2020 **Plumes** : 36

Paperasse MAIS SURTOUT papotage

Des affaires rondement menées, des missions de protection assurées sans qu'il n'y ait eu de blessés, une paperasse terminée... Si notre albinos préféré n'était pas d'un naturel anxieux, il aurait conclue qu'il avait fini son travail et qu'il pouvait se reposer. Néanmoins, Gabriel étant ce qu'il était, il vérifia une énième fois... Rien à signaler. Et comme on n'était jamais assez sûr, il demanda à Zephon s'il n'avait pas oublié de remplir un rapport de mission. Il eut juste le droit à un haussement de sourcils de la part de son assistant qui commençait à se demander s'il était possible pour un ange de devenir sénile, étant donné que cela faisait trois fois qu'il lui posait cette question. Mais non. L'archange n'était pas sénile. Il était juste en proie à un sentiment qui n'épargnait pas plus les anges que les humains: la peur de s'ennuyer. N'avait-il donc plus rien à faire ?

Ses yeux parcouraient rapidement les rapports de mission et il lu le nom de Sybil Gautama sur l'un d'eux. Rien d'étonnant à ça. Le conseiller de l'armée régulière et celui de la justice étaient souvent amenés à travailler ensemble, et il lui arrivait de lui demander des précisions pour remplir la paperasse. Leur relation était purement professionnelle... Et c'était tout. C'était un peu surprenant quand on y pense. Depuis le temps que les deux anges se connaissaient... L'ennui était que Gabriel n'avait jamais considéré cela comme un problème. Cela ne l'empêchait pas de faire son travail. L'archange n'était pas très amusant. Il restait fidèle à sa réputation. Mais il n'avait pas non plus l'impression que sa présence intimidait sa collègue. Bien au contraire, ils avaient toujours eu des rapports cordiaux. Il ne doutait pas qu'elle le lui aurait dit si sa froideur la dérangeait. Il fallait dire qu'ils étaient un peu du même tempérament tous les deux.

Alors... Qu'est-ce qu'il le chiffonnait ?

Ce n'était pas que l'albinos était incapable de se lier aux autres. Mais pendant très longtemps, il n'en avait pas vu l'intérêt. Dans un premier temps, il avait voulu se concentrer sur son travail. L'ennui, c'était que l'existence d'un ange était bien longue, surtout quand on était seul. Autant il s'était attaché à ses subordonnés, à des personnes sur Terre, autant ses collègues... Il avait du mal à sociabiliser avec. Gabriel et ses principes barbants: il ne fallait pas mélanger le professionnel avec le personnel. Toutefois, il n'allait pas menacer la volonté de l'Equilibre en faisant preuve d'un peu d'empathie. Et bien qu'il n'avait pas eu l'intention de la blesser, il ne pouvait pas s'empêcher de trouver qu'il s'était montré un peu insensible avec Sybil.

Elle avait d'abord été la conseillère de l'Education mais elle avait quitté son poste après qu'ils aient aidé Lilith à accéder au trône... En mettant Satan hors d'état de nuire. Cet événement avait poussé certains conseillers à partir. Gabriel était resté. Avec l'esprit moins serein, cependant... Après, il ne s'attendait pas à ce que Sybil lui livre ses petits problèmes, il ne comptait pas l'interroger sur la tragédie qu'elle avait vécu, comme ils n'étaient pas particulièrement proches. Mais s'être contenté de lui souhaiter à nouveau la bienvenue lorsqu'elle était revenue au Conseil, ne venir la voir que pour remplir des rapports comme si rien ne s'était passé... Cela ne lui semblait pas correct.

Voilà comment il s'était retrouvé devant la porte du Palais de Justice. Et maintenant, il se demandait s'il faisait bien d'être là. Sa collègue était certainement très occupée et ce ne serait pas sérieux de sa part de la déranger en plein travail. Et sérieux, c'était ce qu'il était censé être. Ce n'était pas parce qu'il avait fini une grande partie de ses tâches que c'était le cas de la bleutée. Après, si elle n'avait vraiment pas le temps de le recevoir, son assistant lui ferait passer le message. Sauf que Gabriel était un conseiller... Elle n'oserait pas le chasser à cause de son rang. De mieux en mieux. Il avait maintenant l'impression de profiter de son statut. Mais l'albinos n'avait pas le temps de faire marcher arrière.

Ses craintes se confirmèrent un peu en voyant Sybil quitter son bureau et sa machine à écrire pour l'accueillir. Etant donné la nature de leur relation, il l'avait toujours connu dans cet état: plongée dans son travail.

- Naho'yell, Conseillère Sybil. J'espère que je ne vous dérange pas en plein travail.

"Travail". Pour une grande partie des anges, l'existence de l'archer ne se résumait qu'à ça. Et comme lui et Sybil étaient loin d'être intimes, elle n'avait conscience qu'il n'était pas tout à fait comme ça. Pourtant, Gabriel pouvait faire preuve de compassion. Mais il était vrai que ce serait étrange qu'il vienne lui rendre une petite visite pour voir comment elle allait. Et un peu indiscret. ~~(Awkward ?)~~ Heureusement, l'albinos avait pensé à tout. Il venait lui parler du travail... Mais pas que.

- C'est au sujet de cette famille, fit-il en lui tendant le plainte qu'une jeune ange leur a envoyé. Pensez-vous qu'une enquête devrait être menée ?

L'ange en question ne faisait pas partie de la famille mais elle avait entendu pas mal de rumeurs sur cette dernière... Il semblait que les parents avaient un enfant qu'ils négligeaient. Tout ceci était bien vague et Gabriel n'en donc pas fait sa priorité. Néanmoins, cette enquête lui tenait peut-être un peu trop à cœur comme cette situation lui rappelait celle de Kiseki. Sa subordonnée avait été reniée par sa propre famille à cause d'une divergence d'opinion... C'était moins grave dans le sens où Kiseki avait atteint l'âge adulte depuis longtemps lorsque cela lui était arrivé mais là... Il s'agissait vraiment d'un enfant, qui ne pouvait évidemment pas subvenir à ses besoins tout seul. Commencer à enquêter sur une famille à cause de quelques rumeurs, ce n'était pas très pro. D'un autre côté, on ne pouvait pas affirmer que la plainte envoyée n'était qu'une mauvaise blague. L'auteur de cette lettre avait déjà eu des doutes avant que les rumeurs commencent à se répandre. Et le comportement de la famille était pour le moins étrange...

Profitant du fait que la bleutée avait l'attention portée sur la lettre, il en venait à l'autre raison de sa présence :

- Par ailleurs, Conseillère Sybil... C'est peut-être idiot de ma part, mais je réalise que je ne me suis jamais enquis de votre état depuis que vous avez intégré ce poste. J'espère que vous ne rencontrez pas trop de difficultés.

Et maintenant il avait l'impression d'être un inspecteur qui veillait à ce que la nouvelle fasse bien son travail. Miiiince.

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De la paperasse et du papotage
17 juin 2015Gabriel & Sybil
- Non, bien sûr que non. Vous ne me dérangez jamais, Conseiller.

Son expression et sa voix ne laissaient rien paraître. Ni sympathie, ni agacement. Un ton qui n'était pas sec, mais pas particulièrement doux. Elle disait ceci, certaine que l'archange qui se trouvait en face d'elle était ici non pas pour l'interrompre dans son travail mais plutôt pour l'intensifier. La bleue ne considérait pas ça comme quelque chose de bien ou de mauvais, seulement de quelque chose qui devait être fait et qu'elle s'efforcerait d'accomplir. De plus, elle était habituée à le recevoir dans son bureau, toujours pour les mêmes raisons ainsi la belle ne fut aucunement surprise de le voir lui tendre une plainte dont elle se saisit avec délicatesse.

Elle scruta méticuleusement la lettre de ses yeux dorés, son visage toujours stoïque tandis que Gabriel lui expliquait rapidement la situation. Un enfant négligé ? Bien sûr, il ne s'agissait que de rumeurs et la plaintive n'avait aucun rapport avec l'affaire en question. Néanmoins, il fallait avouer que Sybil avait un faible pour les enfants, peut-être parce qu'elle-même n'avait pas été présente pour son fils durant sa première vie ? Les rumeurs couraient depuis un certain temps d'après la plaintive mais pas d'évidence pour le moment. Un enfant renfermé sur lui-même, sans ami, difficile sur les bords mais des parents toujours propres sur eux et bien vus jusqu'aux débuts des rumeurs. Ils n'étaient pas autoritaires avec leur enfant, au contraire très laxistes et l'enfant avait l'habitude de se balader un peu partout sans que les parents en sachent quoique ce soit. Soit l'enfant était un peu difficile avec des parents ne sachant pas gérer soit les parents se désintéressaient complètement du petit et ne lui donnaient qu'un toit pour dormir et de la nourriture pour manger. La bleue avait du mal à comprendre une négligence de la part des parents, puisque les anges étaient si peu fertiles et que la plupart dorlotaient leurs bambins qu'ils attendaient parfois pendant des siècles.

La Conseillère se retint de soupirer, ses sourcils se froncèrent subtilement tout de même, preuve de son trouble. Oui, les affaires qui concernaient les plus jeunes était compliquées pour cette femme. D'autant plus qu'avant la visite impromptue, la belle préparait le procès d'un ange fraîchement diplômé et qui s'était retrouvé dans une violente altercation avec un humain gravement blessé. Commencer une enquête sur cette famille, sans preuve réelle, pourrait nuire à leur réputation pendant un bon bout de temps. Son collègue l'interrompit dans sa profonde réflexion. Ses yeux quittèrent le papier pour reporter leur attention sur le Conseiller, s'efforçant de ne pas s'écarquiller ne serait-ce qu'une seconde. Voilà une interrogation bien surprenante de la part de l'archange. Elle n'était pas vraiment habituée à cela venant de lui mais ce n'était pas forcément désagréable. Il serait mauvais qu'elle fasse une remarque désobligeante et mette mal à l'aise l'ange.

- C'est gentil de vous en préoccuper. Le métier est rude mais je savais très bien dans quoi je m'engageais et puis, ce n'est rien qui puisse venir à bout de moi. Ne vous inquiétez surtout pas, je suis tenace.

Son ton était plus amical soudainement. Evidemment qu'il était, elle ne saisissait pas encore les intentions derrière cette interrogation mais elle les croyait bienveillantes. Ses devoirs étaient éreintants, surtout qu'elle avait passé ses dernières décennies à l'Académie plutôt qu'au Palais de Justice, mais rien de tout cela n'était nouveau aux yeux de la femme. Son frère avait siégé à ce poste des siècles durant, elle avait appris des choses et d'autres rien qu'en restant à ses côtés. Les conseillers avaient quelque peu changé depuis l'époque où elle était Conseillère de l'Education mais elle ne se sentait pas dépaysée. De toute façon, elle n'aurait jamais accepté de revenir au Conseil si elle ne s'en était pas sentie capable. Elle posa la plainte à plat sur son bureau.

- Je pense que ce cas mérite une enquête. Bien évidemment, je crois que vous serez de mon avis si je vous dis qu'il faudrait véritablement le maximum de discrétion notamment pour préserver l'intégrité de cette famille si elle venait à être innocente. Je ne peux ignorer les plaintes et l'éventuelle souffrance de cet enfant cependant sans évidence… Il vaudrait mieux ne pas considérer cette affaire une priorité majeure. Mais qu'en pensez-vous, Conseiller ?

Elle était légèrement déchirée, son côté sentimental lui disait de pousser l'idée jusqu'au bout mais son côté pragmatique lui intimait de ne pas dramatiser. Ainsi, elle cherchait l'avis expert de son collègue. Après un temps, la bleue imagina qu'ils allaient sans doute continuer leur conversation plus ou moins longtemps, il valait mieux détendre l'atmosphère.

- Voudriez-vous quelque chose à boire ? Du thé peut-être ? J'espère que vous non plus vous n'avez pas rencontré de difficultés pendant mon absence. Je ne vous ai pas trop manqué au moins ?

Celle-ci était sortie toute seule. Elle se réprimanda intérieurement, consciente que sa relation très professionnelle avec Gabriel ne permettait pas ce genre de plaisanterie. Certaines mauvaises habitudes collent à la peau. Sybil avait un certain sens de l'humour, d'autant plus qu'elle l'avait dit avec l'expression la plus sérieuse du monde. Pourvu que son interlocuteur ne la prenne pas trop au sérieux et qu'il ait repéré son ton légèrement taquin.

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Paperasse MAIS SURTOUT papotage

La conseillère Sybil n'avait pas changé. Elle semblait toujours aussi imperturbable. Certaines personnes pouvaient la trouver froide mais Gabriel ne voyait pas pourquoi elle sauterait de joie à l'idée de recevoir un collègue. Ce n'était pas comme s'il lui apportait quelque chose de nouveau. Elle était déjà en train de travailler. Il fallait dire que la véritable raison qui amenait l'albinos ici le surprenait lui-même. Ce genre d'initiative ne lui ressemblait pas du tout ! Alors que la bleutée lui assura qu'il ne le dérangeait pas, il commençait à se dire que c'était une mauvaise idée et qu'il devait se contenter de venir pour le travail. Comme d'habitude... Même si c'était ennuyant... Mais il était du genre buté. Maintenant qu'il craignait que cette visite ne devienne embarrassante, le ton neutre de Sybil parut presque intimidant.

Toutefois, ce serait encore plus gênant si cette plainte était le seul motif de sa venue. Il ignorait quel degré de crédibilité il fallait accorder à cette lettre. Mais n'était-ce justement pas quand il se trouvait dans ce genre de situation qu'il devait demander conseil à sa collègue ? Bon évitons de partir du principe que cette mission suffisait à justifier la présence de Gabriel, il ne changerait pas d'avis. Et encore une fois, il n'était pas sûr si cela allait vraiment devenir une mission... Des anges qui stressaient pour rien, il y en avait. Des parents qui négligeaient leurs enfants alors qu'ils étaient si jeunes... Moins. Ce couple n'avait pourtant rien d'exceptionnel. Il n'était pas plus fertile qu'un autre. Alors pourquoi ? Si jamais ces rumeurs étaient fondées et qu'un chérubin continuait de souffrir en silence parce que le conseiller ne prenait pas ça au sérieux, il ne se le pardonnerait pas. Mieux vaut prévenir que guérir.

Mais à quoi bon avoir vu le jour au Paradis s'il ne faisait preuve d'une telle empathie que lorsqu'il était question d'une mission ? Il travaillait au Paradis, il vivait sur Terre. Quelle drôle de sensation que d'être mieux ailleurs que chez soi. L'archange pouvait-il vraiment prétendre ne penser qu'à la sécurité des anges, si leurs relations ne dépassaient pas celles de simple étrangers, ou au mieux, de collègues ? La moindre des choses c'était qu'il se décide un peu à s'ouvrir aux autres, ici aussi. L'ennui était que cela faisait tant d'années qu'il s'était forgé cette réputation... L'image qu'il avait décidé de renvoyer n'était pas la meilleure mais il était peut-être trop tard pour revenir en arrière.

Il fallait croire que pendant un instant, Gabriel en avait décidé autrement. N'écoutant que son courage, il finit par demander à Sybil si elle parvenait à trouver ses repères. Woah. Bravo, Gaby. On l'applaudit bien fort !

Et même si la conseillère était plus habile que lui quand il s'agissait de masquer son étonnement, il ne doutait pas que sa question la prenait un peu au dépourvu. Lui, il se demandait surtout comment elle allait réagir. Il n'avait pas l'impression d'avoir été vexant, mais on ne savait jamais. Il en savait trop peu sur le caractère de Sybil pour anticiper sa réaction. Et s'il avait blessé son orgueil en sous-entendant qu'elle avait du mal à accomplir ses tâches ? Ce qui était sûr, c'était qu'à l'extérieur, l'archer n'avait pas l'air de plus s'en inquiéter que ça. Il continuait de la regarder d'un air indéchiffrable, attendant patiemment qu'elle réponde. Parfois, il lui arrivait d'observer la pièce, avec la même expression, quand il craignait mettre son interlocutrice mal à l'aise.
Sybil ne l'avait pas mal pris. Son ton s'était même fait plus chaleureux.
Evidemment. Gabriel savait très bien qu'elle était à la hauteur pour ce poste. Et il la connaissait assez pour savoir qu'elle n'était pas irresponsable au point d'accepter d'assumer une fonction dont elle ne savait rien. Elle avait déjà été conseillère, après tout. Dans un autre domaine mais elle n'avait pas l'air trop dépaysée.

- Je suis heureux de l'apprendre, répondit Gabriel, sur un ton plus détendu.

Quel que soit le chagrin qu'elle avait ressenti, elle semblait avoir été capable de le surmonter... Du moins, c'était ce que l'albinos espérait. Tout cela était bien gênant... Il n'avait jamais été intime avec Sybil mais il ne voulait pas qu'elle se sente seule. Qu'elle s'imagine qu'il n'en ait rien à faire d'elle.
Et quant à l'autre raison de sa visite... Ils étaient sur la même longueur d'onde. Après, il ne se souvenait pas avoir déjà été en désaccord avec Sybil.

- Je ne peux qu'approuver. En vérité, tant que j'avais d'autres enquêtes à mener, motivées par des témoignages plus fiables, je ne m'étais pas penché sur celle-ci... Mais le moment est venu de vérifier les dires de cette ange. Naturellement, nous nous montrerons prudents, en tâchant de ne pas affoler les parents si jamais l'auteure de cette lettre faisait erreur... Je n'ai pas l'intention de provoquer de scandale.

Pas plus qu'il n'avait l'intention de laisser tomber cet enfant s'il se passait vraiment quelque chose. Il était inutile de ramener du monde comme lorsqu'il s'agissait d'une affaire de la plus grande importance. Un ou deux hommes suffiraient. Des hommes dans lesquels Gabriel avait une confiance aveugle pour mener cette mission à bien. Il lui restait encore quelques affaires mineures, et un peu moins risquées, à régler, mais il se pencherait sur celle-ci de plus près si besoin est.

L'archange sortit de ses pensées lorsque Sybil lui proposa à boire. Une attention fort aimable à laquelle il répondit positivement :

- Du thé m'ira très bien. Je vous en remercie.

Et il avait arrêté de s'en faire. Il ne lui demandait pas s'il abusait de son temps. Par contre, c'était à son tour d'être pris au dépourvu. Gabriel haussa les sourcils... Pas beaucoup mais... La bleutée lui avait demandé si elle lui avait manqué. Pas qu'il prenne ça pour un affront, mais... il la regarda. Il n'était pas trop doué pour savoir quand son interlocuteur plaisantait. Ça n'avait pas l'air d'être son cas. Heu... Question piège ? Attendez ! Pas que Sybil ne l'avait pas manqué mais... En tant que collègue. En tant que personne... Elle savait quelle genre de relation ils avaient. La scène était plutôt comique. L'albinos avait beau répondre sur un ton qui ne trahissait aucune émotion, sa collègue avait parfaitement eu le temps de voir à quel point il avait été confus par sa remarque :

- Eh bien, oui, vous m'avez manqué. C'est toujours regrettable de voir une collègue partir, surtout quand celle-ci fournit un travail aussi remarquable que le vôtre.

Il ne fallait pas que Sybil prenne mal le temps qu'il avait mis à répondre. Il n'avait eu aucune raison de se réjouir de son absence. Ce serait bête qu'elle le prenne mal. Il n'était pas venu pour être désagréable.

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