Par pure gentillesse {18 avril 2015} | Stazou

Voilà belle lurette que l'on avait autorisé Stazou à remettre le nez dehors, non sans quelques appréhensions… Néanmoins la tornade blonde n'était pas autorisée à aller et venir à sa guise. Non. Il avait des missions, des obligations à remplir, des rendez-vous chez le psy et… Un couvre feu. Oui. Vous avez bien entendu. A force de n'en faire qu'à sa tête, à dénigrer, défier l'organisation et de clamer haut et fort qu'il y fouterait le feu à la première occasion… Et bien la confiance ne régnait qu'une semaine sur deux. Paraîtrait même qu'il se serait plaint à Satante en personne. Vous vous rendez compte ? Quelle audace.

Ce fut cette même audace qui alimenta son envie de sécher le service aujourd'hui. Vous connaissez Staz. Il est diablement énervant et arrogant, mais il parvient étrangement à ses fins. Toujours. Sa détermination et sa confiance en lui en inspirent plus d'un en secret, mais ça personne ne l'avouera jamais. Ce qui en soi le rend encore plus énervant, car il s'autorise ce que tout le monde se refuse.

C'est ainsi qu'il se retrouva à l'accueil à épier une scène tout aussi intéressante que poilante. Satanas en personne qui se faisait jeter par un vulgaire réceptionniste humain. HA. Qui l'eut cru n'est-ce pas ? M'enfin, on pense à la même chose mon petit Stazou ?

* Ouais, on s'tire. *

L'assisté tombait à pic pour tout vous dire. Il était l'alibi parfait pour se la couler douce à la lumière d'un néon d'un bar miteux, mais qui toutefois servait de la bonne gnole. Et dieu sait que c'est important la bonne gnole.

Ainsi, Staz surgit de nul part et manqua presque de bondir sur le comptoir pour agresser le réceptionniste.

« C'EST BON J'L'ACOMPAGNE ! Staz Liszka Najder, Ok ? Allez c'est bon. » puis il tourna les talons sans laisser le temps au pauvre humain de vérifier ses disponibilités. Manquerait plus qu'on le renvoie faire sa ronde.

Cependant, il tourna les talons un quart de seconde pour faire signe à Satan de se magner le cul.

« Allez magne-toi j'ai pas que ça à foutre ! »

Si Satan se sentait dépaysé, ce n'était certainement pas Staz qui allait le conforter. Néanmoins si tu veux sortir gambader à l'air libre, c'est maintenant ou jamais mon cher petit ex-roi !!

Qu'importe le vocabulaire de notre farouche blondinet, Satan ne se fit pas prier pour clopiner jusqu'à lui. Staz ne réalisait pas encore qu'il allait devoir garder un œil sur Satan histoire de ne pas s'attirer les foudres de l'ismadd, ou encore pire : celles de Brebre ; mais ça ne saurait tarder.

«  La coupe te va bien.  »

« Huh ? » Staz le reluqua avec un air contrarié.
« Tch,  poważnie. (sérieusement) » de quel droit Satan se permettait-il de lui faire un compliment ?

Il fallait être con pour espérer un merci de sa part, d'autant que Staz ne se sentait pas bien malin à vouloir dompter ses petites mèches rebelles habituellement coiffées au C4. Il essayait de remonter la pente, que voulez-vous.

Quand Satanas lui demanda un conseil vestimentaire. La sale bête jeta un bref coup d'œil à son accoutrement.  

« Tchh, j'vois pas pourquoi ils cassent autant les couilles, si tu voyais les énergumènes qui s'promènent la dehors. » autrement dit c'est approuvé par le comité. « Et tu m'as vu ? Pour s'la jouer discret c'est rapé. »

Oh son look n'avait rien d'exubérant, un vieux jean délavé et déchiré par endroit, des rangers, un T-shirt noir et un blouson en cuir noir. Il s'agissait plutôt de Staz en lui-même : il était aux antipodes de la discrétion.

«  Et comment nous rendrons nous en ville ?  »

A ce moment-là, un énorme sourire presque animal se dessina sur la bouche de Staz. Quand il quittait l'ismadd, cette partie était celle qu'il adorait, celle où il allait retrouver son petit bijou.

« Grâce à ça. » dit-il à la limite de trépigner sur place une fois qu'ils furent arrivés aux hangars. «C'est mon petit bébé (click~).» Oui nous parlions bien de sa chère et tendre petite moto. Le seul kiff que Staz s'était autorisé depuis qu'il était arrivé ici.

« J'ai pas l'intention de me faire des vieux os, attrape ça, si t'étais encore dans le coltard on va te réveiller. » On fait de l'humour sur le comas de Satan ? Evidemment.

Tout en parlant, Staz avait lancé un casque de protection dans les mains d'l'assisté, se préoccupant peu des autres protections. C'était un démon après tout non ? C'est résistant ces machin-là. Puis à son tour il se munit d'un casque et enfourcha la moto, faisant rapidement vrombir son moteur enragé. Une fois Satan à l'arrière, il maugréa simplement un " accroche toi bien " et partit comme une fusée.

Staz avait une conduite de malade mental aux envies suicidaires et bien évidemment, il ne comptait pas faire plus doucement sous prétexte que l'ex roi des enfers se trouvait juste derrière. Et puis quoi encore ?! Il roulait à toute blinde, s'engouffrait sur des routes peu sûres, négociait des virages parfois trop serrés, restabilisant la moto avec le pied… L'assisté avait intérêt d'avoir les tripes bien accrochées ! Quoique Staz espérait en secret lui faire quelques frayeurs. ~

Quoiqu'il en soit, après un trajet des plus revigorant, je suis ravi de vous annoncer qu'ils arrivèrent tout deux à destination, sains et saufs ! ~

Staz adorait sa moto, mais plus que tout : il adorait ces quelques secondes, lancé à pleine vitesse, ou des centaines de mètres passaient en un clin d'œil ; où il frôlait le dérapage et l'accident à chaque virage pris in extremis. Pendant ces quelques-là, où l'adrénaline le faisait complètement transer, il se sentait vraiment libre. Et dieu sait que sa totale liberté lui manquait. Il serait prêt à n'importe quoi pour la récupérer, même à pactiser avec le diable. ~ Bon, de diable on en a pas vraiment un sous la main, mais un pseudo vilain démon déchu de son trône et chouchouté à l'ismadd devrait faire l'affaire non ?

En parlant de Satan, Staz l'avais presque oublié. Pendant de brefs instants. L'assisté semblait même avoir apprécié la balade. En descendant à son tour de la moto, le blondinet ne put s'empêcher d'avoir un léger rictus satisfait.

« Tch, je l'sais qu'ça déchire. »

Quiconque apprécie sa moto et ses virées a droit à une minute de respect relatif. Bien joué Satanas.

Stazou ne prêta que peu d'attention à l'émerveillement de son compagnon d'infortune, bien trop occupé à chercher l'endroit parfait pour parker son bébé, prenant toutes les précautions nécessaires… Je peux vous assurer que le premier qui y touche je ne donne pas très cher de sa peau. Oh ça non.

«   Wow. Ca m'a l'air immense… Et si peuplé… Très différent d'il y a plusieurs décennies…   »

« Ouais ouais ouais... » répondit-il distraitement sans faire le moindre effort.

Puis il se retourna vers ce satané Satanas à l'apparence faussement humaine. Il le fixa un instant.

« Bon. »

Vous sentez la douille arriver ? Moi oui.

« C'est pas tout ça, mais moi j'ai à faire. » Ha voilà. « Alors, on regarde bien le nom des rues qu'on emprunte, on ne parle pas aux inconnus, on n'accepte rien à manger ou à boire des inconnus, on n'achète rien aux inconnus, on ne fait jamais confiance aux inconnus. Les inconnus sont des enculés. Ha et on regarde avant de traverser la route. Sur ce. »

Mais c'est qu'il se barre vraiment ce con.

« HA ! » fit-il en se retournant soudainement « Et bienvenue à Las Vegas. ~ » L'enculé.

Et en plus c'est qu'il est fier de sa connerie. Il se barre tout sourire en laissant Satan planté là.

Ha voilà.

HA. VOILA.

Et voilà, il avait fallu moins de deux minutes à Staz pour laisser Satanas en pâture aux vilains citoyens de Las Vegas. Vole de tes propres ailes petit colibri ! Vous l'aurez compris, à aucun moment la sale bête n'avait prévu de l'accompagner. L'assisté, comme il aimait l'appeler, ne siégeait pas encore particulièrement dans son cœur et il n'avait pas l'intention de lui faire de fleur ; l'ex roi ne lui servant que de prétexte pour se tirer de l'ismadd pendant quelques heures. Et puis il était temps de l'autonomiser un peu ce satané satanas !

Staz était donc, comme à son habitude, partit gambader dans les bars de Las Vegas. Mais s'enfiler quelques verres ne faisait pas partie de ses seules préoccupations. Le bougre de polak s'était décidé à retrouver son funeste titre de Tornade Blonde. Pour ça il devait se remettre en selle et reprendre ses recherches. Je parle bien ici de la fameuse chasse aux portails blancs. Son projet de quitter l'ismadd ne s'était pas éteint, mais c'était comme si ces deux aspirations n'allaient pas l'une sans l'autre. Staz avait embarqué Satan dans les rues de la ville sur le tard, il n'avait donc pas eu l'occasion de chaparder le tout nouveau détecteur de portail. Ce qui ne saurait tarder, d'ailleurs ! Mais ce petit manqué ne l'empêchait pas d'effectuer quelques repérages. Après tout, la première fois que le remplumé pas net lui était tombé dessus, c'était entièrement dû au hasard. Est-ce que le sort allait jouer avec lui cette fois ?

Pas aujourd'hui en tout cas. Alors qu'il s'était déjà enfilé une ou deux bières et fumé quelques clopes, Staz tomba sur un bien étrange prospecteur, tandis qu'il clopinait à droite et à gauche dans une rue bondée quelconque. Il s'agissait d'un pseudo prêtre un peu étrange, qui à l'aide d'un micro, de pancartes et de prospectus, tentait d'alarmer la foule sur la supposée présence de démons à Las Vegas. Il s'égosillait dans un discours alarmant et anxiogène, en incitant les passants à rejoindre son Eglise et surtout : à lui faire des dons pour qu'il puisse combattre ces immondes créatures. Et le pire était que quelques idiots mordaient à l'hameçon.

* Tch, il se fout vraiment de la gueule du monde celui-là. * pensa Staz en stoppant sa glorieuse épopée pour dénigrer le pseudo prêtre qui tendait une sorte de chapeau aux ignorants qui voulaient bien lui refiler du fric.

Il n'avait pas totalement tort sur la présence des démons, mais il n'avait pas totalement raison non plus et Staz voyait surtout l'appât du gain dans cette démarche. Inutile de vous préciser que ça ne lui a pas plu.

« EH ! » maugréa t-il de sa voix la plus mélodieuse. Evidemment qu'il allait chercher la merde. Les conneries que rabâchait ce type lui tapaient clairement sur le système. « Tu te fout'rais pas de la gueule du monde ? »

« Que ... ? » fit le type en se tournant vers la source de distraction, de même que quelques spectateurs. « Je comprends votre désarroi, mais vous devez me croire. Je les ai vu. Je travaille au service de l'Eglise, au service de Dieu, de l'humanité et je ne peux me permettre de me taire alors que nous courrons tous un grave danger ! » tenta t-il comme approche en se dirigeant vers le grand blondinet récalcitrant qui l'avait interrompu.

« Ha ouais ? Et dieu a besoin du fric de ces pauvres cons pour combattre les vilains démons ? C'est le chapeau magique qui lutte contre le mal c'est ça ? »

« Non bien sûr que non, mais des dons peuvent aider l'Eglise à prospérer et si l'Eglise prospère alors nous serons à même de protéger l'humanité des forces corruptrices ! »

« Donc tu veux juste du fric ? »

« Que ? Non ! Eh, qu'est-ce que t'essayes de faire mon pote ? C'est quoi ton problème ?! » fit le soupçonné charlatan en aparté. Pour Staz, cela confirma tous ses doutes et il ne lui fallu pas plus de deux secondes pour le choper par le colback et le soulever comme une vulgaire chaussette.  

« C'est bien ce que j'pensais t'es qu'un putain de profiteur ! » grogna t-il entre ses dents en fusillant l'escroc de prêtre du regard.

La scène alerta les passants qui se regroupèrent rapidement autour de ces deux énergumènes, bien qu'aucun n'osait réellement intervenir. Seuls les portables étaient de sortie. Le type tentait tant bien que mal de se défendre, beuglant des trucs comme quoi il les avait bien vu apparaître de runes mystérieuses et lumineuses. Ha. Donc ce n'est qu'un demi escroc finalement. Mais ces dires ne suffirent pas à adoucir Staz, bien au contraire. S'il continuait à clamer des trucs du genre ce gars se ferait sans nul doute ramasser par l'ismadd... Et personne ne doit terminer à l'ismadd putain ! Si bien que si le blondinet le secouait comme un vieux sac à patates finalement, c'était plus pour lui éviter de finir au trou. C'est pour ton bien qu'on fait ça chouchou. ~

« Mais tu vas la fermer ! T'entends boucle-là, crétin !! » Evidemment cela ne marchait pas et le pseudo prêtre ne faisait que crier davantage en réponse à ce taré de blondinet qui l'agressait sans raison valable.

Certains passants inquiets prirent tout de même la peine d'appeler les flics. Eh bien. Je crois qu'on peut le dire finalement : welcome back Tornade Blonde.

Il donnait une toute autre impression vu de l'extérieur à secouer ce pauvre type comme un prunier, mais Staz essayait sincèrement de l'aider. Autant il ne supportait pas l'aspect " donnez moi du fric pour combattre les forces maléfiques " autant il ne souhaitait à personne d'être attrapé par l'ismadd ; et ce type le sera tôt ou tard s'il continue à répéter ces conneries d'apparition. Evidemment ça aurait plus simple de lui expliquer tout ça calmement, mais Staz n'a jamais été doué dans le relationnel. Là, il est à son max. La situation aurait clairement pu prendre des proportions inattendues si Satan n'était pas intervenu. En effet, certains des spectateurs avaient déjà appelé les flics. Bon, pour Staz ce n'était qu'une mince affaire, mais il craignait que l'ismadd ne ressert encore plus son emprise sur lui s'il recommence à faire des bêtises dès qu'il met le nez dehors. En compagnie de Satan qui plus est.

«   Staz ! Ca suffit. Ils ont appelés les autorités.    »

« Tu la fermes t'as compris ? Tu dis rien, quedal, nada, une carpe. Pigé ? Sinon j'te jure que j'te retrouverais ! » réussit-il à vociférer une dernière fois en aparté avant que Satan ne les sépare définitivement.

Staz ne résista que moyennement, déjà parce que c'était inutile et aussi parce qu'il avait conscience dans un petit coin de sa tête que c'était une bonne chose qu'il ne croise pas le chemin des hendeks aujourd'hui. Ainsi la bestiole fut conduite bon gré, mal gré, dans une ruelle à l'écart.

«   Qu'est-ce que tu faisais au juste ?!  »

« Rien de très enrichissant. » cracha t-il dans un premier temps comme pour éviter le sujet. Après tout dans un sens, Staz avait agi comme un pro démon, mais ça il se gardera bien de l'avouer. D'autant plus que ce n'était pas la première vraie raison.  « Ce type m'a énervé c'est tout. J'aime pas qu'on quémande de l'argent à des idiots pour des prétextes à la con. » finit-il par lâcher en retrouvant petit à petit son calme relatif. Il ne comptait pas piper un seul mot à propos des portails que ce type avait vu. Staz, le grand défenseur pour que les cons ignorants restent dans l'ignorance.

Quand quelque chose sembla soudainement l'amuser. La sale bête camoufla plusieurs rictus, retint plusieurs envies folles de partir en éclats de rire, cachant sa bouche de sa main. Qu'est-ce qui pouvait l'amuser à ce point ?

« Quand j'pense que ce crétin de faux prêtre vient de se faire sauver les miches par Satan en personne y'a de quoi se taper des barres quand même ! »

Maugréa t-il à demi entre le sarcasme et l'envie de se fendre la poire. Quand les sirènes retentirent au loin. Un loin pas si éloigné qu'ça.

« Vaut mieux pas rester dans l'coin, on s'taille. »

«   Peut-être devrais-je ouvrir mon église.  »

Et ce fut la boutade de trop pour notre chère tornade blonde qui pouffa instantanément. Ce genre d'ironie, de comble, qui prouve bien que l'univers se fout de ta gueule tout au long de ta vie, ça a l'don de le plier en deux. Ce n'est pas la première fois qu'il donne de la voix de cette manière, je pense que vous commencez à y être habitués. Même Satan avait déjà eu l'occasion de vivre l'un de ces fameux fous rires. Ils sont intempestifs, bruyants, improbables et diablement contagieux. Même Staz s'en étonne à chaque fois.

« HAHAHA t'es con ! »

Faut quand même en avoir du cran pour dire une chose pareille à Satan dans une détente des plus totales… Se tenant le bide pour reprendre son calme, la joyeuse troupe s'apprêtait à mettre les voiles. Valait mieux pas traîner dans l'coin ! Mais quand Satanas acheva sa phrase, ce fut une autre voix qui lui répondit. Staz se tourna vers la source de ladite voix avec un brin de surprise. C'est là qu'il constata la présence de deux gros intelligents qui avaient fait profil bas jusqu'à présent. Et bien, en voilà une belle brochette !

« Au cas la rue est payante les petits gars. C'est 100$. »

Dit l'un, l'autre avec le canif se rapprochant de Satan pour le menacer. Ce fut la goutte de trop pour notre blondinet explosif.

« HAHAHAHAHAHA!!!! » repartit Staz de plus belle, s'appuyant d'une main contre le mur pour ne pas perdre l'équilibre tellement il riait.

Non mais, vraiment ? VRAAAAIIIIMENT HAHA ? Ils étaient sérieux ces deux pignoufs ? Non mais vraiment, Staz ne s'en remettait pas. Il se bidonnait comme un con tandis que ces deux gugusses tentaient de leur soutirer de l'argent, à tel point qu'il dû essuyer les larmes de rire qui perlaient à ses yeux.

« HAHA, HA Alors vous les gars, HAHA, j'sais pas c'que vous avez fait pour mériter un karma pareil mais, HAHA, C'est vraiment c'qu'on peut appeler un coup d'pute du destin, HAHAHA »

Et le voilà repartit. En même temps ça s'comprend, même moi j'me tape des barres de l'autres côté de mon écran. Les deux abrutis devaient être bien pantois devant un tel niveau de ballécouillisme, en même temps… Pour tenter de dépouiller Staz et Satan en même temps… Y'avait de quoi rire quand même.

Evidemment, les Deux Affreux fiers comme des coqs refusèrent de prendre en compte les mises en garde de Satanas. En même temps, les éclats de rires de l'autre tête à claque ne les aidaient guère à réfléchir à tête reposée. En mentionnant au passage la nonchalance de Satan face à leurs menaces, il était évident que les Deux Affreux prendraient la mouche. Bien que contrairement à Staz qui se foutait ouvertement de leurs gueules, Satan n'avait jamais eu l'intention de les provoquer.

Ainsi le gusse au canif se jeta sur l'assisté avec la ferme intention de le planter. Avec la même nonchalance, Satante n'eut aucun mal à dévier l'attaque. Du coin de l'œil, la bestiole avait observé la scène avec plus d'attention qu'il n'aimerait l'avouer. Si l'organisation entière comptait sur lui, Satan devait en jeter, mais Staz se demandait surtout quel genre d'assisté il était. En dehors des fanfaronnades d'ex-roi pouponné reçu comme le messie. Avec un peu de chance, Staz le piffera un peu plus à la fin de la journée.

Sentant que son attention était ailleurs, le deuxième gusse saisit sa chance pour remettre ce satané blondinet à sa place. Il fonça sur lui avec la ferme intention de lui faire manger quelques dents. Manque de bol, Staz le vit arriver gros comme un lapin. Il se décala machinalement pour éviter son coup, profita que son équilibre soit perturbé, planta la paume de sa main gauche contre la tempe du pauvre type et d'un geste sec, il le propulsa sans vergogne contre le mur à sa droite. La tronche du type vint s'écraser contre les briques dans un bruit inquiétant ; puis il s'écroula mollement à terre la tête en sang. Staz l'observa un moment à ses pieds, puis la main avec laquelle il l'avait simplement poussé. Le type était juste inconscient, sa vie n'était pas en jeu - du moins on l'espère car la scène me donne quelques frissons - , même s'il avait écopé d'un bon traumatisme crânien et d'un entaille sur le côté de sa tête.

Un peu stupéfait, Staz releva la tête vers Satan légèrement déconnecté de ce qu'il venait de se passer.

« Mauvaise pioche. » murmura-t-il. En effet, le deuxième des Affreux aurait été plus chanceux en se jetant sur Satan.

Puis son attention se reporta à nouveau sur le type à terre. Staz n'était pas inquiet de ce qu'il venait de faire. Il n'avait pas peur pour la vie de ce type, à tort ou à raison. Simplement… Il ne pouvait s'empêcher de se dire que quelques mois plus tôt il lui aurait simplement cassé une jambe ou un nez si nécessaire. S'il s'était comporté comme les alcolo qui avaient poursuivi Myra par exemple. La tête c'est trop fragile. Et il venait de la lui éclater presque sans raison. Sans sourciller. Beaucoup trop calme, Staz releva la tête pour regarder droit devant lui

« On y va. » murmura-t-il presque dans un état de dissociation.

Puis il enjamba le type à terre qui ne bougeait plus, qui d'ailleurs saignait toujours et traça sa route. Quelque chose d'étrange se passait avec Staz. Il n'était plus vraiment comme avant. Et insidieusement, la colère qu'il avait accumulé repoussait ses limites de plus en plus loin. Mais ce genre d'incident n'était pas encore assez rapprochés pour que quelqu'un puisse le remarquer. En même temps personne n'y avait encore assisté, si ce n'est l'Assisté lui-même.

C'est avec un calme beaucoup trop olympien et une froideur qu'on ne lui connaissait pas que Staz traversa les ruelles en compagnie de l'égérie des Assistés. Nul autre que Satan en personne. La bestiole ne daigna pas lui adresser la parole durant les minutes qui suivirent. Désintérêt volontaire ? Même pas. Cette tête de pioche était plongée dans ses pensées, ressassant cette prise de bec anodine, bien plus déterminante qu'elle n'y paraissait. Staz avait franchi un cap dont il se serait bien passé et en réalité… Il était sur le cul.

Quand ils arrivèrent dans une allée bien plus fréquentable, hormis qu'elle incitait à certains vices. Haaa, Las Vegas. Quand la voix de l'ex-roi qui l'avait jusqu'à présent laissé dans son petit monde se fit entendre. Mhhh… Boire quelque chose ?

« J'ai toujours soif. » grommela en guise de réponse. Quel mâle alpha.

Ses pupilles parcourent un instant les différentes enseignes. Oh, il n'était pas bien difficile. Au contraire, il semblait vouloir choisir le bar qui avait le moins d'gueule. Ceux qu'il préférait. « Là. » fit-il tout simplement en s'engouffrant dans le lieu de son choix en ignorant la proposition de Satan de l'inviter. Comme si la bestiole allait se laisser amadouer aussi facilement hein !

L'intérieur était plutôt tranquille. Le bar à proprement parler se trouvait au centre et divers boxes se disséminaient autours. A l'arrière de la salle se trouvaient des jeux de fléchettes et un babyfoot. Staz se dirigea directement vers le comptoir et s'y accouda lourdement. Il n'y avait qu'une seule personne assise sur l'un des tabourets qui faisaient face au barman, à l'autre bout de la table.

« Une pinte de blanche. » commanda t-il sans attendre.

Inutile de préciser qu'il ne prêtait que très peu d'attention à son acolyte d'infortune. Se sentait-il un peu perdu ? Ou pas ? Savait-il quoi prendre ? Qu'est-ce que ça boit un roi ? Qu'est-ce que ça boit un roi en enfers ? Ca lui ait déjà arrivé de picoler dans le monde des humains ? Puis c'est pas censé avoir des gouts de luxe un roi ? Haaa, même si Staz ne s'était jamais vraiment préoccupé de sa condition, quelques préjugés et interrogations ne pouvaient s'empêcher de naître dans son esprit.

Sans mot dire il soupira. Haaa, ces bousculades à deux balles. Ca l'tend. Heureusement que la barman ne tarda pas à revenir avec sa mousse. Et Satan ? Est-ce que Staz compte lui être d'un quelconque soutien ?

Ha bah non.

Non.

Bon, au moins il boit en silence et ne s'en prend pas à lui sans raison.

C'était peut-être difficile à croire, mais Satan gagnait des points en restant silencieux. Pas de questions à deux balles, pas de regard méprisant à cause de son attitude de cochon, aucun reproche parce qu'il s'en battait les yeuks… De toute façon ce n'était pas l'moment de lui taper la discute et d'une manière ou d'une autre Satanas semblait l'avoir compris.

Même l'ignorance la plus totale est somme toute relative pour notre sale bête, car il ne pouvait s'empêcher de zieuter son assisté en promenade. Juste des p'tits coups d'œil furtifs, pour observer comment il se débrouillait. Le blondinet fut ravi de constater qu'il n'avait pas besoin de son aide. L'ex-roi semblait même familier avec la carte, bien. Staz aurait tout simplement pu lui poser quelques questions pour en apprendre plus, plutôt que de jauger ses réactions en silence. Mais c'était bien trop lui demander, même s'il se montrait moins sur la défensive au fur et à mesure des heures, son ego ne l'autorisait pas encore à faire copain copain.

C'est ainsi que les deux se murèrent dans le silence le plus total. Outre le bruit ambiant. Silence qui ne dura qu'un instant, car une voix féminine s'éleva non loin de l'oreille chatouilleuse de notre chère tornade. Evidemment ce n'était pas à lui qu'elle s'adressait. Il fallait être barge comme Myra pour pouvoir traîner avec lui… Et le vouloir. Cela s'applique d'autant plus aux gonzesses qu'aux mecs. Avec ses ondes négatives, le bougre les faisait toutes fuir.

C'est ainsi que Stazou observa le roi des Assistés se relever pour rejoindre les demoiselles. Eh bien. Assisté il ne l'était pas tant qu'ça loin de ses deux toutous… Surtout du grand énervé là, Brebre.

« Je ne m’y suis pas exercé depuis longtemps alors ne me tenez pas rigueur si je me loupe. »

hahahahahaha

« Eh ben, si l'autre grand dadais voyait ça... » grommela Staz en prenant une nouvelle gorgée.

Il n'avait pas l'intention d'interférer, ni même de les rejoindre. Ca l'fatiguait rien qu'd'y penser et faire les yeux doux ou jouer au héros devant des donzelles aux yeux d'biches, c'était pas vraiment son truc. Voir pas du tout. Alors il sortit son paquet d'clopes, se leva et prit son verre avec lui au grand damne du barman. Il se posa dans un coin de la rue à l'extérieur, juste en face de l'enseigne, s'asseyant par terre comme un clochard, dos au mur, le verre à côté de lui. Puis il se grilla une clope, les genoux pliés, ses avant-bras reposant sur ceux-ci.

Enfin il commençait à se détendre tout en crachant la fumée, fermant les yeux par moment, sans oublier de reprendre un petit peu de bière. Cela devait faire un baille que Satanas n'avait pas fréquenté la gent féminine et sa dernière histoire ne s'était pas franchement bien terminée alors… Ce serait dommage de le déranger avec la mauvaise humeur de notre blondinet ?

Allez Satan, dépatouille toi.

Une bière, une clope et le grand air d'un bar miteux. Staz était presque de retour au bon vieux temps où, entre deux casseroles, il dealait à droite et à gauche, gueulait par-ci, gueulait par-là, puis partait se bourrer la gueule dans un bar quelconque à l'allure peu fiable, provoquait une baston quand il était de mauvais poil, puis rentrait gentiment chez lui sous les insultes de son voisin…. Haaa, ce temps lui paraissait si lointain et inaccessible.

Aujourd'hui il n'y avait plus que la bière et la voix dérangeante d'un assisté qui lui demandait s'il voulait jouer aux fléchettes.

« Heein » grogna t-il en tournant la tête vers ledit assisté. « Tss, j'joue pas aux fléchettes moi. »

Si, il y joue, mais que quand ça lui chante et la perspective de se coltiner les deux autres pouffes ne le réjouissait guère.

« Garde tes gonzesses pour toi, tu veux. » grommela t-il une nouvelle fois dans sa barbe. Cette dernière réplique avait été à la limite du compréhensible. D'un point de vue extérieur cela donnait plutôt : « Gard- t-gnjgk, g-ghbn-zess, T-veux. »

Ouais. Et on se demande pourquoi Staz n'a pas de copine. Pas que ça l'intéresse particulièrement mais bon.

Ainsi, la sale bête laissa Satanas repartir bredouille. Pour le moment. Car si le très charmant jeune homme ne pouvait s'empêcher de faire sa mauvaise tête, l'idée d'affronter Satanas lors d'un petit jeu amical avait un je n'sais quoi de plaisant. Si possible les groupies en moins, mais ça, il doutait pouvoir s'en débarrasser… Si le blondinet avait été seul, aucun doute que ces dames auraient lâché l'affaire, mais avec la classe et la bonne éducation de notre très cher ex-roi, elles ne risquaient pas de déguerpir… Et bien que de très mauvais caractère, Staz n'était pas du genre à s'en prendre gratuitement à une donzelle juste pour la faire fuir.

Il n'avait même pas daigné frapper cette folle dingue de Zerah qui pourtant ne demandait que ça. (www.situveuxlaref)

Ainsi, après avoir terminé son verre et fumé une deuxième clope, Stazou daigna repointer le bout de son nez à l'intérieur du bar. Après avoir repris une nouvelle pinte de bière, la tête blonde se dirigea vers le petit groupe… Pour passer à côté.

...

Yes, j'adore ce mec.

« J'joue pas aux fléchettes mais j'joue au babyfoot. »

Et autant dire qu'il était passé expert dans ce domaine, à force de traîner dans les bars… Et de passer sa vie à la cafèt' quand il était au lycée.

Pour accompagner ses paroles, il se dirigea vers ledit babyfoot et choppa l'une des baballes qu'il fit rouler dans sa main. C'était un jeu qui pouvait également se jouer en équipe et Staz ne pouvait pas mieux faire en guise d'invitation, qui de toute évidence n'était qu'à l'égard de Satanas. Staz avait bien conscience des deux donzelles, toutefois il ne daignait pas leur accorder une once d'attention. Elles les lui brisaient, c'était une évident, mais il déployait des trésors de self-control pour parvenir à les ignorer.

Malheureusement et comme mentionné plus tôt, il ne pourrait pas s'en débarrasser aussi facilement…

Alors Satanas, tu joues ou tu joues pas ?

Bien qu'il n'en avait pas l'air, Staz était bien content que son désormais adversaire accepte le défi et ce sans ses gourdasses à ses côtés. A l'évidence le blondinet n'avait pas proposé cette partie pour distraire la gente féminine en laissant l'une d'elle jouer à ses côtés. Au contraire, cela l'aurait frustré plus qu'autre chose.

« C’est quand tu veux Staz. »

Un sourire satisfait et impatient s'étira sur son si doux visage.

« Que le meilleur gagne. » traduction " je ne te ferais aucun cadeau ".

Ce serait mentir de dire qu'il n'y avait plus de " Satan " et de " gilet jaune de l'ismadd " (blague à part), Staz, bien au contraire, se languissait de sa victoire face à Satanas. Rien que pour avoir la satisfaction personnelle de se dire " j'ai foutu une branlée à Satan ". Qui sait ? Des amitiés naissent des chamailleries.

Bien qu'impatient mais bon compétiteur, Stazou ne vendait pas pour autant la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Ils avaient tout deux des réflexes hors normes, mais cela se sentait clairement que Staz était un joueur chevronné. Après tout, contrairement à Satan qui avait seulement eu diverses occasions d'y jouer, lui avait passé des années à parfaire ses techniques de jeux. Sans déconner, le baby était sa religion. Note de l'auteur : et la mienne aussi bwah.

Contrairement à ce qu'on supposerait d'elle, la bestiole ne jouait pas en utilisant la méthode " gros bourrin full roulette ", mais suivait la balle avec attention pour l'intercepter, la stopper dans sa course, la passer entre ses joueurs pour passer au travers de ceux de Satan, le feintant non sans satisfaction, jusqu'à parvenir au but. Il était bien meilleur en attaque, mais ne se privait pas de tirer du milieu pour cumuler des " points en suspens ", dit demi. (explication en bas). Bien évidemment quand une roulette était nécessaire pour se sortir d'une situation, ou juste quand il en avait marre, il ne s'en privait pas. Bien qu'un véritable joueur comme lui n'en ait pas besoin pour faire des tirs puissants pouvant sembler " inarrêtables ".

Au final, Staz avait bel et bien fini par oublier qu'il jouait contre Satan. D'ailleurs, la sale bête semblait plutôt heureuse, commentant le match avec entrain, entre quelques bières et quelques piques à l'intention de son adversaire. D'après lui, ses réflexes augmentaient avec de la bière, comme si elle lui débloquait des pouvoirs cachés. Cela reste à vérifier.

Quoiqu'il en soit, l'issue de la partie commençait à se dessiner, la balance penchant d'un côté… MAIS DUQUEL ? Cela reste encore à décider…

PS : Et si vous vous posiez la question : non, je ne plaisante pas avec le baby.  

« Le perdant n’aura qu’à demander quelque chose au gagnant. Un service. »

Un sourire espiègle fendit son visage. Voilà de quoi pimenter cette petite partie. ~

« Si ça peut te faire plaisir de me rendre service, je n'vais certainement pas t'en priver. »

Et voilà, la couleur était annoncée.

Le match se déroula ensuite avec beaucoup d'enthousiasme, du côté de Staz tout du moins. Cette grande gueule était bien plus expressive que ce cher Satanas. Cette parenthèse d'euphorie et d'amusement semblait presque irréelle quand on connaissait la bête… Mais les virages à 180 degrés faisaient partie de son caractère. ~ Quoiqu'il en soit le match fut serré. Staz avait eu raison de prendre son adversaire au sérieux, car l'ex-roi se débrouillait plus que bien, lui donnant par moment du fil à retordre. Malheureusement pour l'ex-roi ce bougre de Staz finit par l'avoir à l'usure…

« YEES !! » s'exclama t-il heureux comme un gosse lorsqu'il remporta le dernier point. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il remarqua le petit attroupement qui s'était formé autour d'eux.

« Eh bien, tu es bon au baby. »

« Je sais. » répondit-il machinalement. Vantard ? Pas pour un sous, mais en l'occurrence c'était un fait.

La sale bête jaugea son adversaire pendant un instant, grimaçant de perplexité. Finalement cette petite phrase finit par sortir tant bien que mal de sa bouche :

« Tu t'débrouilles. » grommela t-il avec difficulté.

ET HOP ! Une petite rasade de bière pour se laver les papilles de cette " constatation " plutôt positive à l'égard de l'assisté. Manquerait plus qu'on devienne sympa nous. C'est à ce moment-là que le portable du blondinet se mit à sonner. N'ayant pas d'amis, Staz se doutait de l'identité de celui ou de " ceux " qui cherchait à le joindre. Lâchant un soupir excédé, il sortit son portable de la poche arrière de son jean et décrocha. Un bref coup d'œil sur l'écran avait confirmé son intuition.

« Tch tch, y'a plus rien à voir. » siffla t-il à l'intention de ceux qui les observaient encore. « Quoi ? […] Ouais. […] Ouais. […] OK. » et hop, il raccrocha sans attendre que son interlocuteur ait terminé. Puis il lança à Satan sur un ton désinvolte : « Ali machin chose vous informe que son illustre assisté est convoqué à une visite médicale. La récréation est terminée. » Dit-il en vidant ce qu'il lui restait de bière.

Ce rappel à l'ordre le fit presque chier pour Satanas. Staz ne savait que trop bien quel sentiment cela faisait de ne pas être libre de ses mouvements… Bien qu'il se doutait que l'assisté n'était pas autant emmerdé que lui et qu'il se garderait bien de lui partager ses pensées.

« Quant au service que tu me dois, je le garde en suspens. Ce serait trop bête de la gâcher avec un gage merdique qui ne ferait que rire les ados de 14 ans. »

Pas aussi con qu'il en avait l'air, le blondinet. Sur ces mots, Staz tourna les talons et se dirigea vers la sortie.

« En route księżniczka. » (princesse).

Non, il n'en loupe pas une.