La mort de Karl et Litäh - 20 juin 2015 - Feat Erem

Je venais de voir le véhicule arriver près de l’usine, pendant tout le temps du trajet, j’étais ailleurs. Mon acolyte lui était sortie respirer…. 8 cadavres dans la pièce, ma mère et mon père en faisant partie. Même si je venais de prendre connaissance de cette dernière peu de temps avant. Mais l’acquisition de souvenir brouille la notion de temps, le sentiment que j’ai, c’est de toujours l’avoir connue. Alors que la lumière se rapprochait de plus en plus et éclairait d’avantage la pièce, mes yeux se posèrent sur l’autre démon. Comment…. son cœur battait encore….

On se trouvait sous une sorte de préau, une pièce qui donnait directement vers l’extérieur, avant l’entrée de l’usine. La pluie fine, c’était transformer en averse, plus le temps passait, plus celle-ci se mêlait au sang. Neil, de son vrai nom faisait des tours frénétique autour de l’usine, semblable à un fantôme qui errait autour d’une bâtisse sans pour autant avoir la capacité d’y entrer…

Moi, j’étais là debout, assise, dehors, sous le préau, le temps d’attendre l’agent était long, très long. Tout se bousculait dans ma tête, la nervosité se faisait ressentir, la colère aussi, la tristesse, l’horreur. Pourtant, rien ne sortait, ni même une simple petite larme.

Quand je le vis bouger à respirer. Tout s’arrêta. La pluie, les lumières, le vent, mes yeux ainsi que tous mes sens étaient attiré par sa cage thoracique qui bougeait. Une respiration légère, une respiration veut dire encore vivant, il va peut-être mourir ou pas. Il a décidé du sort de mes parents, suis-je légitime de décider du sien…. Oui, je le peux, sûrement, je le dois aussi, je dois le tuer !

Les bruits autour de moi étaient inexistants, mon corps allait vers lui, j’allais vers lui, non pas pour l’aider, mais lui prendre sa vie. Sa misérable existence. J’allais l’étrangler, petit à petit. J’avais traversés la pièce en toute hâte. Je me penchais vers lui et lui mettait mes mains à son cou. Elle ne tremblais pas. Alors que je serrais de toutes mes forces, on me fit sortir de ma bulle.

Azëm s’occupait de moi, même s’il se présentait à moi que quelques secondes plus tard. Sans compter sa voix, c’était le seul à savoir mon prénom, je ne pouvais pas me tromper…

- J’aurais vraiment préféré vous rencontrer comme convenu et non dans ce cas de figure là… Je ne suis pas blessé, mais mon acolyte à minimum des entorses aux poignets. Il s’est aussi frotté au démon pendant la boucherie….

Je suivais le démon un peu plus loin, à l’écart de la scène de crime, parler semblait facile, enfin, je pouvais m’extirper dans la parole, cela ne changeait rien au fait. Rentrer chez moi ? Rester ici ? Je ne vais pas laisser Neil tout seul, après tout, je peux faire quoi d’autre. Je le voyais parler avec des agents au loin, peut-être qu’un médecin était là. Enfin, j’en suis moi-même une, mais … Je suis comme une machine sans batterie, je bouge pourtant, mais je suis brouillé…

Tandis que l’eau tombait de façon de plus en plus violente. Décidément, même le ciel veut rendre ça plus triste, ou alors il pleure pour moi… Je retirai ma blouse taché de sang, elle avait au moins fait son travail, mes vêtements étaient seulement humide, enfin trempé plutôt... Je dégoulinais littéralement. Je regardai le démon avec un regard perdu.

- Je ne sais pas si je dois rester ici, mais possible de rentrer dans une voiture, celle de … Karl…. elle se trouve à l’arrière. Je sais que je dois parler, mais si on peut faire cela à l’abri plus loin, je voudrais souffler…

Dire son nom était. Je ne sais pas si je m’éloignais pour la pluie ou pour… Je savais la réponse, même si me l’avouer était différent. Je suivais et regardais l’agent, mon air était triste comme cette pluie et comme tout ce qui était maintenant autour de moi. Une impression de sentir ce chagrin au-delà de moi, comme si on pouvait sentir une émotion…

J’étais trempée jusqu’au os, mais je n’avais pas froid, j’avais déjà cette sensation se voile de tristesse sur moi. Même si cette sensation n’était qu’une image, sa froideur me protégeait, me réchauffait paradoxalement. La tristesse me couvrait de draps envoûtants …

Comme tout témoin, je devais être interrogé, j’aurais pu écrire tout ce qui s’était passé, action par action, en oubliant aucun détail, même minime. Mais parfois, certaines choses ne peuvent être faites dans l’immédiat. Je le regardai sans le voir, mes yeux voyaient au-delà et en même temps ne voyait rien. Le son autour m’était étranger et mon attention inexistante...  

Je pris l’imper et fermai la fermeture, je sortis un cigarillo et l’allumais. Une, puis deux, après quelques bouffées de fumé au goût de la cerise, je repris le fil du dialogue avec le démon. Pour mes parents, la situation se réglerait plus tard, mais pour le moment, je ne pourrais rien faire, sans avoir eu un temps de repos. L’autopsie, les voir une dernière fois serait peut-être plus simple et mieux pour moi, je ne sais pas étrangement….

- Vous pouvez me ramener chez moi maintenant ? Mais vous rester n’est ce pas ?

Je sortis mon téléphone de ma poche et envoyai un message à Neil, je lui disais de faire attention à lui et comme il le pouvait traîner à l’Ismadd. Je lui demandais de bien vouloir les accompagner. Il n’était pas une menace pour un ennemi, de leur point de vue, c’était maintenant un homme seul. Si mon existence n’était pas connue de leur part. C’est pour cela que je lui demandais d’être mes yeux à l’intérieur tandis que je serais les siens à l’extérieur. J’avais travaillé plusieurs fois avec Neil, l’on se connaissait et lui comme moi, on pouvait deviner nos actions à travers les situations. Si le moindre problème devait arriver, nous avions des codes, bref, aucune raison de s’inquiéter de notre travail ensemble.

- Je dois également vous dire si mes parents, on été tué, c’est uniquement de la vengeance et me concernant, je ne sais pas si je suis connue de leur fichier, mon existence chez les démons étaient normalement secrète. Je vous avoue que maintenant, je ne sais pas si cela est toujours le cas, même si je n’ai pas été visé pendant l’attaque…

Je lui tendis un papier avec l’adresse qui me servira de domicile jusqu’à la fin de mon année scolaire. D’ici là, je vivrai à plusieurs dizaines de kilomètres d’ici, mais cela ne sera que provisoire. Mon corps avait arrêté de trembler, mais mon esprit m’emmenait ailleurs, n’écoutant plus vraiment ce qui se passait autour de moi.

- Je compte sur vous pour me mettre en sécurité alors s’il vous plaît… ma voix était faible et mon regard perdu. On aurait dit un pauvre animal blessé, enfin c’était le cas….

La voiture, la route, quitter le bâtiment, la nuit, la pluie, les idées, beaucoup d’idées, ma tête se fis cependant lourde et toutes les émotions accumulées m’avait endormie… Quand je me réveillais nous étions arrivé dans l’appartement qui servirait de ‘’cachette’’. J’étais assise à l’avant avec le vêtement de pluie soigneusement donné par mon garde du corps. Un démon, le seul que je connaissais et en qui je pouvais avoir confiance. Je me tournais vers lui…

-Merci.

Nous continuons le véhicule, l’appartement était à l’étage moins un, un appartement tout équipé caché au fond des caves, la planques idéal. Ce n'était pas loin de l’usine peut-être 15 minutes. Habituellement c’est mon appartement, mais restant principalement au campus, je n’ai jamais vraiment vécu ici depuis mon arrivée. L’espace était studieux, du vieux mélangé avec du neuf.

-Si vous voulez une douche, vous pouvez y aller après moi, le frigo est plein, si vous avez faim n’hésiter pas, je préfère que vous soyez en forme en cas d’ennuis. Votre lit serait dans la chambre en face de la mienne au bout du couloir, je vous laisse.

La douche fut des plus agréables et des plus réconfortantes, elle fut aussi courte à peine 5 minutes. Je retournais dans la cuisine habillé de ma blouse blanche en guise de peignoirs et pris une pomme dans la corbeille de fruit. Je m’approchais du démon, lui fit un baisé sur la joue et partie dans ma chambre.

-Encore merci.

Je poussais la porte de la chambre simplement, finis ma pomme et jetais la blouse sur la chaise du bureau, la lumière du couloir éclairait mon corps fatigué. Je ne fis pas long feu et me glissait dans le lit. Les réponses du démon arriveront demain ...