Awkwaaaaaard. [PV Erem] Le 22/06/2015

Les dernières semaines avaient été riches en émotions. Il avait fait découvrir le Paradis à Flippy, il avait croisé son père, il avait fait une crise face à un colurna, avait été à la clinique et s’était réconcillié avec Abaddon. Enfin, il avait compris qu’en vérité ce dernier ne lui en voulait pas plus que cela, voire, plus du tout. En plus de cela, deux jours auparavant, une future agente de l’ISMADD avait perdu son père et s’était retrouvée mêlée à une histoire un peu compliquée… Erëm avait veillé sur elle avant qu’elle ne soit prise en charge par l’organisation. C’était sur cette touche que ce qui était considéré par les humains comme étant un « week-end » arriva. En réalité, pour lui, c’était un moment où il retournait fréquemment au Paradis pour pouvoir recharger ses batteries. Au sens propre plus qu’au sens figuré, il avait besoin d’exaltations mais était toujours en mauvais termes avec son père et ne voulait pas vraiment le croiser.

Depuis qu’il avait été opéré à la clinique et qu’il avait pu bénéficier d’un traitement de choc à base d’exaltation, l’archange avait décidé de le continuer pour son moral. Cela avait été accepté par le psychologue qui l’avait reçu, ayant notifié un état dépressif qu’il serait évident de soigner avec l’exaltation vu son historique… Même s’il ne dépendait pas uniquement de cela, il ressentait cette aide dans tout son corps et avait l’impression de se sentir plus fort et d’avoir plus de pêche de manière générale.

En rentrant chez lui, il avait été surpris de rencontrer Zephon, l’assistant personnel de Gabriel, Conseiller qui ne lui avait pas adressé la parole, uniquement des regards qui en disaient long, depuis qu’il avait commis cette fameuse « faute ». Ce dernier l’informa que Gabriel souhaitait lui parler et qu’il le convient chez lui à la date qui lui conviendrait. Il fallait dire que l’ange était pris par son travail au sein des humains et qu’il était difficile de caler une date. Que lui voulait-il ? Le rouquin se le demandait bien, après tout ces moments sans lui parler. Avec une certaine hésitation, il avait accepté la demande, tant que cela soit au lendemain, car après il devrait retourner sur terre.

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Au lendemain, devant la porte de son ancien supérieur, Erëm souffla un bon coup. Etait-ce pour des remontrances privées ? Autant de temps après cet évènement ? Il n’en savait rien. Etait-il arrivé quelque chose à son père et on ne l’avait pas prévenu ? Hm, cela lui semblait peu probable. Le seul moyen de le savoir était de le rencontrer et de ne pas lui poser un lapin. Même avec hésitation il avait dit qu’il viendrait, alors il tiendrait sa parole. Au moins, il ne passerait pas pour un lâche, à défaut d’un traitre.

C’est Zephon qui l’accueillait et qui lui demandait de patienter dans le salon. Erëm avait préféré refuser poliment le thé. Il ne savait pas comment cette discussion se passerait et il ne voulait pas de vaisselle cassée. Le Conseiller ne tarda pas à arriver et à le saluer. Les premiers mots qu’il lui adressait depuis le fameux jugement.

« Spèis'hyell, Conseiller Gabriel. »

L’archange posa une main sur son cœur et s’inclina doucement avant de se relever. Il restait debout pour le moment.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

Pas de comment allez-vous, comment se passe votre journée, il fait beau aujourd’hui ou encore cela fait longtemps, ravi de vous revoir . Erëm voulait juste savoir pourquoi il était là. C’était certainement froid de sa part et inhabituel de manquer ainsi à quelques banalités de convenance mais il n’en avait pas le cœur. Et puis, cela n’aurait aucun sens.

Ni Erëm ni Gabriel n’étaient souriants. C’était plus une habitude du second que du premier. Malgré sa politesse Erëm avait tout de même plus tendance à faire quelques sourires, ne serait-ce que lorsqu’il saluait quelqu’un qu’il connaissait de longue date. Là, ce n’était pas le cas, il attendait simplement de savoir pourquoi il avait été convoqué. Il lui annonça de but en blanc l’avoir fait venir pour une raison… Triviale ? Le rouquin pencha la tête d’un côté. Cela ne ressemblait pas forcément au Gabriel qu’il connaissait, surtout en sachant qu’il était brouillé avec lui, il n’imaginait pas le convoquer pour quelque chose qu’il n’aurait pas jugé important.

Après quelques secondes de silence et un soupir, le blandinet lui dévoila enfin la raison pour laquelle il l’avait fait venir. Visiblement il souhaitait revenir sur ce qu’il s’était passé au Conseil, sur sa punition et sur son attitude à l’ISMADD. S’il désirait de l’honnêteté, Erëm n’allait pas passer par quatre chemins. Il assumait ce qu’il avait fait, il avait repris confiance en ses pensées et en ses actes et surtout, il pensait qu’il n’avait aucune raison d’en avoir honte.

« Je pense que la punition a été plus dangereuse qu’utile et a mis ma mission et ma vie en péril. Que ce serait-il passé si je m’étais évanoui devant les humains car je manquais d’exaltation ? »

Erëm avait posé cette question dans le vent, sans aucune animosité, pointant juste le paradoxe. Être puni de retour au Paradis pour s’être transformé devant un humain, alors que la punition comportait ce même risque. Il continua, enchainant simplement sans laisser le temps à la réponse.

« La seule erreur que j’estime avoir faite ce jour-là, est de ne pas avoir été assez puissant pour me défaire de l’emprise du démon sans défaire ma transformation. Autrement, si ce qu’il s’est passé devait se reproduire, je le referai de la même façon. Si je m’étais laissé mourir, je me serais aussitôt transformé, sans pouvoir sauver qui que ce soit. »

Par conséquent, pour sauver la vie de Flippy, mais aussi la sienne car il n’avait pas l’intention de mourir, la solution la plus logique avait été de se transformer.

Erëm avait regardé Gabriel droit dans les yeux. Il ne savait pas si cette réponse le satisferait, sans aucun doute que non, mais peu importe c’était la seule qu’il pouvait lui proposer et la seule qu’il jugeait acceptable.

Avait-il changé ? Peut-être. A vrai dire cette assurance qu’il avait à présent devant lui n’était qu’en partie feinte et aussi due à la colère, au mépris qu’il avait ressentit mais aussi à ses valeurs qui avaient changé. Il restait toujours le même, il avait seulement décidé qu’il ne se démonterait pas et qu’il ne baisserait pas les yeux pour s’excuser tout simplement parce que cela ne serait jamais sincère. En cela, il était resté tout à fait pareil, il n’avait aucune envie de mentir et c’était sa loyauté envers le Paradis, même si elle pouvait plus ressembler à de la trahison.

Gabriel avait eu l’air surpris. Erëm ne pouvait pas le lui reprocher. Ce n’était pas tout le monde qui oserait dire devant l’un des conseiller que le Paradis avait fait une erreur. Cela pouvait sembler arrogant. Pourtant c’était murement réfléchit. Cela aurait été arrogant s’il avait dit ça dans les premières semaines de sa sanction, sous le coup de la colère. Bien sûr il avait réfléchit à des solutions mais il n’avait pas sciences infuse. Et puis le ton employé par Gabriel l’énervait lui aussi. Comment accepter une loi aussi cruelle ? Pourquoi pensait-il qu’il prenait les autres de haut pour lui demander ce qu’il aurait été mieux de faire, comme s’il pouvait apporter une solution toute faite.

Erëm lâcha un soupir. Il ne répondait même pas. Un mince espoir, très mince, s’était glissé au fur et à mesure qu’il se justifiait à nouveau, que peut-être cela cesserait les hostilités. C’était inutile de répondre, tout simplement parce que déjà, il n’y avait aucune réponse qui conviendrait à cette question, et surtout parce que Gabriel n’en attendait visiblement aucune. Ce n’était qu’une question pour voir ou pouvait aller cette arrogance qui n’existait même pas.

Lorsqu’il lui signifia qu’il aurait été assagi mais que ce n’était pas le cas, Erëm ne pu s’empêcher d’être vexé par cette déception qu’il lisait dans son regard. Ne l’était-il pas suffisamment avant cet épisode, sage ? Sa réaction attendue aurait-elle due être de nombreuses d’excuses et un repentir ? C’était mal le connaître.

Au début de sa prochaine phrase, l’archange cru à une sorte d’excuse, ou du moins de sentimentalisme, qui certes ne ressemblait pas a Gabriel mais aurait pu largement convenir à la situation, pour apaiser les mots qu’il avait eu. Au contraire, cela ne pouvait qu’attiser sa peine et sa colère. Etait-ce un mail de vouloir vivre ? L’expression humaine « avec des si on referait le monde » prenait clairement un grand sens ici.

« Je n’ai jamais nié vouloir rester en vie. A moins que vous aussi vous auriez préféré que je meure ce jour-là ?! »

Son père ne le lui avait pas dit mot à mot, mais il lui avait bien fait comprendre qu’il aurait préféré un héro mort durant une mission difficile plutôt qu’un traitre qui déshonorait ses principes et sa famille. Le « aussi » était peut-être le mot le plus important de cette phrase et n’était pas sans expliquer partiellement pourquoi Erëm s’était fait tabasser par le colurna. Le ton était monté l'espace d'un instant. Aussi vite qu'il était descendu.

« Quand j’ai reçu votre invitation j’ai eu le mince espoir d’un échange. Je ne suis pas venu pour revivre mon procès, pour me faire insulter ou recevoir des réprimandes. Je les entends déjà suffisamment pour les connaître par cœur. Sur ce. »

Pourquoi rester ? Pour se prendre des insultes et aller cogner un colurna (avec des protections cette fois) pour se détendre ? Pour se faire se sentir mal ? Pour ajouter une autre liste de reproches à ruminer dans un coin de sa tête ? Certes, il allait mieux, néanmoins, ce n’était pas parce qu’il ne se lamentait plus qu’il avait passé outre et qu’il ne lui arrivait pas juste d’en pleurer. Il préférait tourner les talons et se diriger vers la sortie.

Erëm voyait bien que sa phrase avait un peu perturbé Gabriel, néanmoins qu’était-ce face à ses sentiments. Le Conseiller était rarement aussi spontané dans ses expressions faciales. Il ne savait pas si Gabriel aurait préféré sa mort à sa défaite mais la façon dont il lui parlait, un peu comme son père – en moins vindicatif tout de même-, semblait avoir un discours similaire alors le fait de lui avoir demandé s’il s’était aussi sauvé lui-même avait été le commentaire de trop. Il y avait très peu de personnes à pouvoir tenir le discours contraire de sacrifice ultime pour des croyances, ce n’était pas le cas d’Erëm. Egoïste pour certains, tout à fait normal pour d’autres.

En tout cas le rouquin avait bien l’intention de mettre fin à cette conversation qui n’avait que trop durée et qui n’était, à son sens, qu’une punition supplémentaire, presque un lynchage totalement gratuit sous couvert d’une tentative amicale de lui faire ouvrir les yeux.

S’apprêtant à ouvrir la porte, l’archange entendit ce qu’il ne cru jamais entendre de la bouche de Gabriel : des excuses. Surpris, il s’arrêta net et cligna des yeux. De dos, le blandinet ne pouvait pas le voir mais certainement qu’il pouvait comprendre qu’il était surpris.

Les paroles suivantes étaient plutôt maladroites, cela allait sans dire. Après ce qu’il avait subi Erëm considérait qu’il avait le droit de s’énerver, et, au-delà, que c’était avec ou sans autorisation qu’il le ferait. Il soupira. Lui aussi devait fournir un effort et essayer de passer derrière ces maladresses. Il laissa un blanc de quelques secondes, réfléchissant.

« Soit. »

Cela dit il ne savait pas du tout ce que souhaitait Gabriel à travers cette conversation, ni ce qu’il souhaitait lui. De quoi voulait-il parler ? Voulait-il qu’ils se réconcilient ? Se redécouvrir ? Il espérait qu’il avait une autre raison que lui dire ce qu’il pensait être la vérité pour le faire venir. Erëm décida donc de recommencer la conversation du début. Seconde chance, aussi au sens propre.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Pourquoi vouliez-vous me voir ? »

Il avait fait quelques pas en sa direction. Le ton était un peu plus doux qu’au départ mais il monterait bien plus vite s’il se rendait compte que cela allait dans la même direction.

Erëm avait en effet pris les propos du Conseiller au sens propre : recommencer leur discussion depuis le début comme si l’autre n’avait pas eue lieu, en le saluant un peu moins froidement et en demandant ce qu’il pouvait faire pour lui. Aux yeux de l’espion, c’était la meilleure chose à faire, alors quand Gabriel fut surpris de cette décision, le rouquin hocha la tête.  C’était plutôt rare car le Conseiller avait même bégayé. Pour une fois que ce n’était pas Erëm. Il désirait donc discuter, à propos de quoi, c’était une bonne question. Des banalités n’auraient peut-être pas été une mauvaise idée. L’idée serait de changer le sujet de conversation, ou aller dans un autre sens mais c’était plutôt… Difficile.

Contrairement à tout à l’heure, Erëm fournit un effort et s’assied dans le fauteuil en face. Pas encore de thé ou de petit gâteau mais c’était, en soit, un progrès. Il semblait en pleine réflexion alors Erëm n’allait pas le couper, il patientait simplement, observant ses mimiques et son soupir.

Visiblement Gabriel avait choisi une pente glissante. A dessein, certainement. Ou alors il ne savait pas de quoi parler d’autre, ce qui pouvait être inquiétant. Les premiers mots qu’il prononça étaient cependant plus encourageant, Erëm écoutait donc attentivement son discours.

Les paroles de Gabriel allaient à l’encontre de beaucoup de choses qui étaient défendues par les anges et expliquait beaucoup de choses. Il se fourvoyait néanmoins en pensant qu’il s’était attaché aux humains plus qu’aux anges et que cet attachement l’avait contraint à trahir un secret vieux de plusieurs millénaires. Il espérait que ses paroles étaient sincères, car celle qui lui mis au moins un peu de baume au cœur était celle qui disait qu’il ne voulait pas qu’il meure. Contrairement à quelqu’un d’autre. Erëm n’accepterait pas vraiment des excuses, car elles ne valaient rien, les actes valaient bien mieux.

« Je ne sais pas si je me suis attaché au peuple humain. Bien sûr que ma mission va forcément m’amener à en apprécier certains, mais aussi à en déprécier d’autres. Je pense que je me suis surtout rendu compte que nous n’avions pas à nous mettre sur un piédestal et que rien n’était plus important qu’une vie sauvée, de n’importe quel monde soit-elle. Mais nous vivons très peu avec les humains ou même avec les démons. Pour nous ils sont juste les habitants parfois embêtant d’un autre monde. Nous les observons et nous les jugeons en fonction de leurs actes en pensant que nous aurions fait de meilleurs choix, voire, qu’il est de notre devoir de les conseiller, de les orienter en fonction de nos propres valeurs. Je pense que si c’était fait par bienveillance un jour, nous l’avons perdue au profit de la surveillance et de notre propre protection. Les humains ne sont pas obligés de savoir que nous existons, nous avons tout à fait le droit de rester cachés. C’est notre choix que de le faire et par conséquent nous devons assumer nos actes et faire en sorte qu’il ne leur arrive rien de répréhensible s’ils le découvrent.   »

Erëm avait muri un discours qui aurait affolé quelques pro-équilibres qui se pensaient réellement au-dessus de tous les êtres.

« Je n’accepterai pas d’excuse car ce ne sont que des paroles. Mais rien n’empêche le reste. »

Erëm ne s’attendait pas forcément à une réponse. Si le Conseiller lui en avait faite une alors sans doute qu’il aurait de nouveau critiqué ses propos et que la discussion aurait de nouveau été bien plus tendue, comme tout à l’heure. Ne rien dire pouvait dire soit qu’il avait compris qu’exprimer son désaccord ne ferait qu’empirer la situation, soit qu’il était en train d’y réfléchir et qu’il était incapable de se faire un avis tout de suite. Cette réflexion Erëm l’avait eue tout du long de sa punition, il lui avait fallut plusieurs semaines, entre des pensées de haine, de colère et des choses sans queue ni tête car il ne l’avait plus vraiment – sa tête- pour se faire l’avis qu’il venait de faire. Gabriel n’avait rien vécu de tel, par conséquent, si changement il y avait cela serait plus dur. Du moins il le supposait.

La situation aurait été bien différente si les anges et les démons coopéraient et se connaissaient pour ne pas se faire prendre aux yeux des humains mais pour toujours visiter cette immense contrée qu’était le monde humain. Peut-être n’y aurait-il pas eu tous ces évènements. Personne ne saurait le dire.

« Ce que je veux dire c’est que présenter des excuses est une chose, agir pour montrer qu’on est désolé en est une autre. »

Erëm avait essayé de ne pas dire cela d’une manière trop froide. Il ne voulait pas sous-entendre qu’il devait faire acte, mais si au moins il ne pouvait ne plus remettre en question ses pensées, cela serait déjà bien.

« Tout ce que je viens de vous dire ne s’est pas fait rapidement, il m’a fallu plusieurs semaines voire mois avant de petit à petit changer ma position sur les humains et sur notre communauté. »

Erëm était aussi distant, mais tout en restant plus calme. A ce moment-là il ne se considérait plus comme son subordonné. De toute façon il avait fini de le faire en le voyant qu’il ne lui adressait plus la parole. Il n’était plus sûr d’avoir non plus une famille, outre éventuellement sa mère qu’il évitait intentionnellement pour qu’elle ne se fasse pas gronder par son père. Il ignorait d’ailleurs qu’elle avait quitté son mari. Entre temps il avait trouvé la gentillesse d’Abaddon qu’il n’avait pas vraiment suspectée. Il lui avait paru d’une certaine froideur un peu semblable à Gabriel. En peu de temps il avait perdu beaucoup de choses qui lui étaient chères alors il préférait reste sur ses positions, il espérait qu’avec le temps elles lui permettraient de trouver d’autres alliés ou que ceux qui le critiquaient maintenant pouvaient voir que les propos d’Erëm n’étaient pas si faux.

Il se questionnait, il n’avait plus rien à dire. Devait-il partir ? Il attendait un instant. Peut-être que Gabriel déciderait de parler d’autre chose, de plus trivial, mais de réellement trivial…

Erëm avait prit sur lui pour ne pas avoir l’air intimidé, pour ne pas faire ces courbettes amicales et polies que tout un chacun pouvait faire aux différents conseillés. Intérieurement, il avait été stressé, il avait au moins pu montrer sa colère, tellement qu’il avait failli partir en claquant la porte. Et si Gabriel ne l’avait pas retenu, c’est ce qui se serait passé.

Pour autant, reprendre une conversation « normale », triviale, à base de « alors comment va la famille » - quoi qu’il fallait mieux éviter cette question-, ou encore de « quel livre lis-tu en ce moment » était bien difficile. Si Gabriel avait été plus amical -autant qu’il puisse l’être- à son égard alors Erëm aurait tenté d’avoir ce genre de réaction. Mais ce n’était pas pour tout de suite. Le conseiller n’avait visiblement rien à ajouter et rien de spécial à demander car il lui proposait de s’en aller. Ce n’était pas une mauvaise idée, certainement que finalement ni l’un ni l’autre n’était prêt pour ce genre de conversation après un moment aussi tendu. Erëm était cependant un peu déçu il fallait bien l’avouer. La suite des évènements pourrait déjà lui dire si leur relation était définitivement brisée ou s’ils pouvaient se reconstruire. Tant qu’ils ne parlaient pas des humains et de l’Équilibre.

« Non, je n’ai rien de plus à ajouter, je vais m’en aller. »

Avec des avis si tranchés, Erëm se demandait si cela était possible. L’attitude qu’il avait eu avait terrassé quelques-unes de ses petites amitiés et en avait visiblement créée d’autres, mais pas très nombreuses pour le moment.

« A une prochaine fois. »

Impossible de dire quand ils se reverront. Si les deux étaient d’accords pour continuer de se parler, oseront-ils se le dire ? Cela serait un comble s’ils étaient d’accord mais que personne n’osait faire le premier pas, les deux étant introvertis. En tout cas, Erëm pensait avoir été clair, et sa dernière phrase qu’il avait prononcée avant de sortir de la demeure de Gabriel orientait sur potentielle réconciliation. Fallait-il encore s’en saisir.