Arbre VS Erëm, Winner : Arbre | FATALITY {8 juin 2015} PV Baba

Fatality

Dix-huit heures. Le terrain d’entraînement de Faredis était en train de se vider. Et ce fût précisément à cette heure que le jeune Erëm arrivait. Il préférait rencontrer moins de monde, ne préférant pas croiser les regards des collègues de son père, ou pire, de son père lui-même. La nuit n’était pas encore tombée mais le crépuscule commençait à se faire sentir. Il y avait moins de luminosité, les températures avaient un peu baissé et les nuages laissaient entrevoir une douce couleur orangée. Un environnement qui aurait pu être apaisant si Erëm n’était pas en proie à diverses pensées négatives.

Pour autant, il avait envie de les combattre, de se lâcher. Il avait bien trop subi sans rien dire et l’ancien guerrier de l’armée avait un fort besoin de s’entraîner pour pouvoir décompresser et lâcher tout ce qu’il ressentait à travers ses poings. Cela ne serait pas parfait, mais il pensait que cela pouvait l’aider.

C’est un peu en périphérie de la zone principale d’entraînement qu’Erëm faisait face à un bel Colurna. De nombreux anges avaient déjà du aposer leurs poings sur le tronc de cet arbre qui n’avait aucune égratignure. Soupirant, l’archange enleva sa veste, restant en tenue sans manche, tunique avec une ceinture, muni d’aucune arme.

Néanmoins, Erëm partait mal. Ses sentiments allaient dans tous les sens, si bien qu’il trouva évident pour lui de ne pas mettre de gants. C’est ainsi qu’il commença à frapper l’arbre. Il n’était pas le premier à le faire sans protection, il savait faire attention, mais au fur et à mesure, la colère et la tristesse accumulée le fit frapper plus fort. Il donnait des coups de pieds, des coups de poing, des directs, crochets, des coups de coude, tous les coups possibles et inimaginables contre un arbre qui ne pouvait se défendre. Le soleil était déjà tombé.

Au fur et à mesure, ses sentiments commençaient à s’amenuiser et ses gestes devinrent automatiques, comme un robot qui ne se posait pas de question, si bien qu’il y passa des heures, sans plus rien penser. Il voulait juste continuer pour ne plus rien ressentir et s’arrêter de penser à toutes les choses négatives qui l’envahissaient depuis des semaines.



Le soleil se relevait enfin. Il était aux environs de sept heures lorsque les matinaux commencèrent à arriver sur le terrain d’entraînement. Erëm était toujours là. Il transpirait, il était épuisé, et pourtant il frappait encore, la respiration courte et filante, toussant par moment. Cette situation était plutôt inquiétante pour les personnes qui regardaient mais l’on n’osa pas intervenir. Diverses blessures marquaient le corps d’Erëm ses bras étaient éraflés et rouges, tout comme ses doigts qui avaient de multiples coupures. On pouvait supposer qu’à force de frapper, quelques phalanges avaient été fracturées ou fissurées. Pour autant, il ne ralentissait pas, il avait l’impression d’être anesthésié contre les sentiments et la douleur et, à ce moment précis, c’était exactement ce qu’il recherchait. Ne plus rien ressentir.

Jusqu’au moment précis où, alors qu’il allait donner un énième crochet du droit au tronc de l’arbre, son corps réclama le repos qu’il méritait, lui faisant tourner la tête l’espace de quelques secondes. Son élan le dirigeait toujours vers l’arbre qu’il se prit en plein front, laissant une marque rouge, une coupure et surtout, un Erëm un peu groggy…

Il est peut-être temps d’arrêter, non ?

Fatality

Cela faisait plusieurs dizaines de minutes qu’Erëm n’avait plus vraiment conscience de ce qu’il se passait autour de lui. Il se contentait de frapper sans discontinuer, sans plus rien ressentir. Cela avait quelque chose d’apaisant et cela lui faisait du bien, même si d’extérieur, on pouvait avoir l’impression qu’il souffrait. Erëm n’avait aucune idée de qui le regardait, il n’avait même aucune idée et s’en fichait, à cet instant, éperdument d’être observé. Il ne serait pas le premier ange qui ferait du zèle contre un colurna. Quoi que, peut-être pas sans gant… N’est-ce pas ?

Pris dans son élan, Erëm ne s’attendait pas à perdre l’équilibre, même s’il savait qu’il commençait – à peine- à aller trop loin dans l’entraînement. Ses bras n’avaient pas répondu à son appel pour le protéger et il était malencontreusement tombé la tête la première contre le grand arbre avant de se vautrer en arrière, la tête lui tournant, de part le choc et de par l’effort qu’il avait effectué en s’entraînant depuis la veille.

Erëm ne s’attendait pas non plus à ce que l’on vienne à son aide, persuadé que tous les membres lui en voulaient pour une raison obscure et dénuée de sens. Ses doigts commençaient à lui faire atrocement mal, et il sentait à peine ses bras, uniquement de la douleur. La respiration un peu coupée, il finit par tousser. Il était dans un bel état. Sa vision était floue et il avait bien trop la tête dans les nuages (ou dans l’arbre, au demeurant) pour se rendre compte de qui était la personne qui était en train de lui porter assistance.  Il avait aussi du sang qui coulait sur le front, un peu dans les yeux qui le gênait. Par contre, il pouvait sentir une chaleur sur ses bras, apaisant un peu la douleur. Les yeux dans le vide, Erëm sursauta un peu lorsqu’il entendit son prénom et tourna la tête vers la source de la voix.

Il arrivait à distinguer une chevelure noire, quelqu’un de grand, même assis, il pouvait le deviner aux courbes. Histoire de mieux voir, il posa le dos de sa main pour essuyer le sang qui lui coulait dans les yeux, en faisant une grimace, même s’il avait tenté de la contenir. Oui, sa main était douloureuse et il n’arrivait plus à bouger ses doigts. Pour autant, le rouge venait de lui monter aux joues et son cœur s’était mis à battre la chamade en voyant l’identité de la personne qui s’était arrêtée pour lui.



« Con… Conseiller Abaddon… ? »

Oui, le ton était interrogatif, mais il avait bien vu de qui il s’agissait. Erëm ne comprenait pas pourquoi le Conseiller lui venait en aide. Il ne comprenait pas non plus que son état était inquiétant. Pour lui, le problème c’était qui s’était vautré contre l’arbre en s’entraînant. Voilà tout.

« Oh je… Je suis désolé… Ce n’est pas la peine de vous… déranger pour moi… Je… Je vais bien… Je… J’ai juste la tête qui tourne… »

Et mal aux bras, aux mains, aux coudes, incapable de se relever et fatigué. Et du mal à faire des phrases. Mais sinon, oui, tout va bien.

Fatality

Comme demandé, l’archange essayait de ne pas trop s’alarmer à la présence du Conseiller… Heureusement qu’il l’avait déjà rencontré précédemment – dans des circonstances plus détendues-, sinon le bougre aurait été encore plus stressé… Pour autant, en disant qu’il allait bien, Erëm ne s’était pas attendu à une telle réaction de la part de son vis-à-vis… Il pâlit un peu plus quand il lui intimait de ne pas le prendre pour un imbécile. Ce n’était aucunement ce qu’il désirait faire ! Alors il ne comprit pas bien son attitude mais ce n’était pas pour cela qu’il n’allait pas s’excuser, il ne voulait pas vexer Abaddon.

« Ha non j-je… Je suis désolé… Ce… Ce n’était pas ce que je voulais… »

Mais comme le Conseiller l’avait compris, Erëm ne s’était pas rendu compte, et ne se rendait toujours pas vraiment compte de l’état dans lequel il s’était mis. Cependant, il pouvait sentir cette agréable sensation de la douleur qui s’envolait un peu suite aux soins de l’élémentaire… S’il avait su un jour qu’un Conseiller le soignerait… Surtout après ce qu’il s’était passé…

C’est lorsqu’il tourna la tête pour voir un peu les environs que d’autres rougeurs apparurent sur ses joues. Il y avait plusieurs personnes qui les regardaient… Et ce n’était pas vraiment une sensation agréable. En plus, il suffirait qu’il y ait un ami de son père dans le lot pour qu’il soit au courant et lui reproche d’avoir dérangé et Abaddon, et l’entraînement des soldats… Cela ne dura cependant pas bien longtemps, car, après un signe du Conseiller, la personne l’accompagna renvoya les curieux.

Après l’apparition d’un portail, Erëm regardait Abaddon, est-ce qu’il allait l’emmener à la clinique ? S’approchant de lui, il s’excusa d’avance pour la douleur causée par le transport. S’il n’avait pas eu mal aux bras et surtout, aux doigts, Erëm serait certainement devenu pivoine d’un tel geste de la part d’un Conseiller. Son visage se crispa un peu et il retint tout signe de douleur. Finalement, ce ne fut pas dans la clinique qu’ils arrivèrent mais bien… Dans le bureau du Conseiller ? Erëm ne comprenait pas. En plus, il ne voulait pas spécialement déranger encore plus cet homme qui devait avoir pléthore de choses à faire que de s’occuper d’un petit jeune qui avait fait des bêtises.

Déposé sur un canapé, Erëm pouvait au moins apprécier qu’il fût confortable… Ainsi, Abaddon reprit consciencieusement les soins. Pendant ce temps, Erëm sentait un regard sur lui, et il ne pouvait que confirmer ses pensées. S’il l’avait emmené ici, et s’il le fixait, c’était parce qu’il voulait savoir pourquoi… N’est-ce pas ?

« Euhm je… » Quoi dire, et surtout, par quoi commencer ? « Je voulais juste… Arrêter de penser… Ca m’a plutôt fait du bien…Mais je suis désolé de vous avoir mêlé à cela… Vous devez avoir d’autres choses à faire que de vous occuper de moi… »

Si Erëm n’avait pas compris pourquoi Abaddon s’était énervé, c’était qu’il se sentait mieux. Anesthésié de différentes pensées stupides. Mais bon, il aurait pu mettre des gants, tout de même… ! Enfin, là, la seule crainte qu'il avait était que son père apprenne la nouvelle...

Fatality

Le jeune archange s’attendait à des mots de reproches après le soupire d’Abaddon. Cependant, il n’en fut rien. Le Conseiller lui expliqua, à la place, qu’il était le garant de l’intégrité des anges et que sa situation actuelle le préoccupait. Il n’en fallait pas plus pour faire à nouveau rougir le rouquin. Il s’agissait-là de très belles paroles qu’il ne pensait pas qu’on lui adressait un jour, surtout pas le Conseiller Abaddon. Avec son attitude généralement froide, il comprenait qu’il s’était mépris sur sa personnalité, certainement comme beaucoup d’anges.

Il pouvait ainsi être mieux à l’aise pendant qu’il lui soignait ses diverses blessures. Oui, Erëm avait joué au con, on pouvait le dire, et il venait de le comprendre, pour qu’Abaddon s’inquiète, alors qu’il ne le connaissait pas du tout, excepté du fait de son erreur, c’est qu’il ne devait pas voir l’air fin.

« Oui… Je… Je ferai plus attention la prochaine fois… Merci beaucoup pour votre prévenance, Monsieur... »

Erëm était un peu formel mais ça ne l’empêchait pas que les paroles qu’il venait d’avoir à son égard le touchaient. Et s’il tentait d’y comparer l’attitude de son père… Il n’avait que peu de mal à imaginer sa réaction. Il ne préférait pas y penser, il ne voulait pas de nouveau avoir ce genre de pensées déplaisantes.

Alors qu’il le lui disait, Erëm tenta donc, doucement de bouger ses bras. Ils allaient en effet beaucoup mieux. Il n’avait que peu de douleur. Ses doigts, par contre… Mériteraient sans doute une petite opération de remise en place avant d’êtres guéris et bandés. Il ne serait certainement pas foutu de tracer un portail comme ça.

« Ca…. Ca ne me fais plus vraiment mal. Merci. »

La blessure la plus visible qui restait, outre l’état de ses doigts, était son écorchure sur le front. Ses jambes n’avaient que des égratignures. S’il n’était pas capable de se lever c’était parce qu’il était bien trop fatigué et qu’il avait clairement épuisé les ressources de son corps, en plus des conséquences du manque d’exaltation. Ainsi il laissait le Conseiller s’occuper des derniers détails dont il désirait s’occuper.

« Je… J’y penserais. De… De la même façon, si un jour vous avez besoin de moi… »

Enfin, Erëm ne savait pas trop en quoi il pourrait aider Abaddon, mais il tenait tout de même à faire la proposition. Et bien entendit, il n’avait pas vraiment l’occasion de venir lui demander un service, du moins, il ne se l’imaginait pas encore.

Quand vint l’occasion d’aller à la clinique, Erëm tenta doucement de se lever, néanmoins, sa tête lui tournait beaucoup trop et ses jambes étaient bien trop molles… Et il ne pouvait pas prendre appui sur ses mains.

« Oh je… Je n’arrive pas… à me lever… Désolé… »

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Ses blessures principales guéries, Erëm s’était fait violence pour ne pas forcer sur sa main pour s’appuyer sur le bord du canapé, et pour ne pas prendre le bras d’Abaddon, révélant ainsi qu’il était vraiment épuisé… Et que le Conseiller allait certainement devoir à nouveau le porter. Ce qu’il trouvait particulièrement gênant, déjà, c’était certainement dérangeant pour Abaddon, et en plus, tout le monde pouvait se rendre compte qu’il était si mal qu’il n’était pas capable de marcher, il serait totalement affiché. Heureusement que les portails existaient pour lui permettre de ne pas croiser trop de gens, excepté ceux déjà à la clinique. Hochant la tête, il attendait qu’il finisse de tracer le portail avant qu’il ne vienne le chercher. L’espion retrouva une teinte rouge, encore plus quand il lui sourit…

« Mer… Merci… »

Une le portail traversé, les deux arrivèrent en quelques pas à la Clinique. Oui, quelques personnes regardaient Erëm mais c’était plus par curiosité, surprise que par mauvaise intention. Les joues rouges, un agent d’accueil salua les deux archanges avant de mettre à disposition un lit pour notre petit rouquin.

« Eh bien alors, que vous est-il arrivé ? Ha, vous pouvez le déposer ici, doucement… »

L’auscultant rapidement et après un passage rapide d’un « Je… Je me suis entraîné face à un colurna… » et surtout d’une révélation crachée « …. Sans protection… » et honteuse, l’agent d’accueil annonça « Je pense qu’il va falloir opérer. Merci de l’avoir amené ici, Conseiller Abaddon. Je vais chercher un chirurgien disponible. » Erëm profita de l’absence de l’agent médical pour remercier à nouveau le Conseiller. « Euhm… Je vous remercie… De m’avoir aidé. Si vous avez besoin de quelque chose, vraiment, n’hésitez pas. »

C’est le bon Hesediel, disponible, qui avait été appelé et qui s’annonça, souriant et plutôt calme.
« Bonjour jeune homme, Conseiller Abaddon. Alors, voyons ça…  Un colurna hein ? » Il toucha et examina sa main, Erëm grimaça. « Eh bien, tu en as des fractures… Ca doit être douloureux… On va te préparer une salle et on va s’occuper de toi. »

C’est à ce moment qu’on séparait Abaddon du membre des affaires humaines et qu’il put retourner à ses obligations. Dans la salle de soin, on avait donné un produit contre la douleur à Erëm, puis, on l’avait fait dormir pour opérer ses doigts et les remettre dans leur axe. Ce n’était pas une absolue nécessitée néanmoins cela faciliterait largement le travail des soigneurs par la suite. Une fois l’opération terminée, Hesediel était allé chercher des personnes spécialisées en lumière qui s’occupaient ainsi des doigts d’Erëm.

« Tes doigts vont encore être un peu mous à cause de l’opération, alors je te déconseille de t’entraîner pendant quelques jours, encore moins contre ces gentils colurna. D’ici un ou deux jours, n’hésite pas à faire des mouvements fins pour que tu puisses retrouver ton aisance avec. Ta tête n’a rien, et tes bras seront bien plus vites remis. Tu pourras sortir demain. Je vais te mettre sous exaltation pour que tu puisses retrouver tes forces. Et je vais aller te chercher quelque chose à boire et à manger. Tu veux quelque chose en particulier ? »

Erëm avait rougi devant tant de gentillesse et de bienveillance. Il n’avait pas vraiment prévu de rester ici toute la journée, mais il ne trouva pas la force. Il avait demandé une simple soupe aux fruits, un thé, et c’est après avoir mangé que sous exaltation il ne put s’empêcher de sombrer dans un sommeil profond, à peine réveillé par les contrôles de routine.

~~~ 9 juin 2015 ~~~

Le lendemain matin, après un sommeil réparateur de presque une journée, Erëm se réveillait doucement. Hesediel l’avait accueilli une dizaine de minutes après qu’il ait émergé et lui avait donné ses dernières recommandations et un petit déjeuné nutritif pour qu’il ne s’évanouisse pas. Erëm avait utilisé quelques forces pour se rendre rapidement sur terre. Il devait travailler, mais il allait demander des congés exceptionnels pour pouvoir se recharger en miasme , ce qui l’ISMADD ne pouvait pas lui refuser. Il était ensuite retourné chez lui, au Paradis.

Durant son long sommeil, il avait fait plusieurs rêves où il avait de temps en temps chercher comment il pouvait remercier Abaddon de sa gentillesse. Il était arrivé à la conclusion de des mots ne pourraient suffire, il avait envie de lui offrir quelque chose de tangibles. Plusieurs idées lui venaient à l’esprit, assis sur son canapé. Déjà, du thé, il savait que le Conseiller appréciait le thé, et puis, il en vendait au Valentine, alors il n’y avait pas de raison. Puis, il pensait faire un petit quelque chose à manger aussi, des petits biscuits allaient souvent de pair avec un thé… Il ne désirait cependant pas s’arrêter là, d’une part, parce que lorsqu’il aurait consommé le thé et les gâteaux il n’y aurait plus de souvenir concret de ses remerciements. Un service à thé ? L’idée lui traversa l’esprit mais, il n’était pas sûr d’être assez doué…

Après s’être reposé toute la matinée, Erëm avait passé son après midi à rechercher différentes fleurs qui sentaient bon et dont les vertus étaient plus utiles à des thés. Il avait aussi pris quelques fruits et quelques herbes au marché. Et puis il était tombé sur un artisan, notamment en céramique, bois et autres matières premières. D’abord un peu timide face à lui, voyant qu’il regardait ses créations, Erëm osa finalement lui demander s’il était possible qu’il lui fasse un service à thé non marqué, qu’il puisse peindre lui-même, et, s’il pouvait lui obtenir de quoi faire lui-même de l’osier -ou équivalent angélique- pour confectionner un panier.

Il passa le reste de l’après-midi à faire sécher les bouts de fruits ainsi que les diverses plantes et à goûter les thés pour savoir lequel avait la meilleure senteur et goût. Une fois qu’il fut satisfait -bien qu’il ne fût pas sûr de lui- il entreposa le tout dans une boite, à l’abris de la lumière, dans son placard, pour que les saveurs et senteurs puissent se mélanger durant les jours qui suivraient.

~~~ 10 juin 2015 ~~~

Au lendemain, Erëm avait récupéré l’osier ainsi que le service à thé. L’artisan lui avait donné des instructions pour le peindre correctement et lui avait proposé de le faire ensuite chauffer et peindre dans son atelier. Ravi de la proposition, Erëm avait accepté.

L’archange avait bien essayé de peindre mais ses doigts tremblaient beaucoup trop et il n’en sentait pas bien la force. Il décida donc de travailler sur le panier en osier, ce qui était beaucoup plus facile et faisait, en plus de cela, travailler ses doigts comme Hesediel le lui avait conseillé.

~~~ 13 juin 2015 ~~~  

Trois jours étaient passés, tout comme la réception qui officialisait la prise de poste de sa nouvelle supérieure. Erëm avait retrouvé la majorité de sa motricité et puis enfin se mettre à peindre. Il avait imaginé plusieurs motifs durant ces jours, ne cessant de penser à ce qui pourrait faire plaisir au Conseiller, mais surtout, à ce qui pouvait lui déplaire. Tout d’abord, il avait peint le service en blanc. Il avait ensuite créé des algues abstraites avec un seul coup de pinceau vert foncé. Dans une inspiration plutôt japonaise, il dessina des poissons avant d’ajouter quelques bulles. Il fit de même sur la théière en un peu plus grand.

~~~ 14 juin 2015 ~~~

Erëm ouvrait son four et déposait les différents biscuits dans une boite, bien protégée et le déposa dans le panier en osier. Il récupéra aussi la boite de thé et se rendait chez l’artisan. Ce dernier l’avait félicité sur la qualité de ses motifs et avait même plaisanter qu’il pouvait embaucher Erëm si jamais il n’avait plus envie de faire son travail actuel. L’archange s’était vu rougir et l’avait remercié en retour. En recevant le service à thé, il ajouta simplement de l’osier sur l’anse de la théière. Son cadeau était fin prêt. Lui, en revanche, ne l’était pas tout à fait.

Ce n’était pas pour cela qu’il n’allait pas se rendre chez Abaddon, qu’il considérait avoir fait assez attendre. C’est en volant qu’il se rendit au niveau du terrain d’entraînement de Faredis, à proximité du bâtiment contenant son bureau. Il espérait simplement ne pas y croiser son père, mais à cette heure, il devait être au Tantum, alors il y avait peu de chance. Lorsqu’il désira entrer dans l’édifice, on lui demanda simplement la raison puis on le laissa passer, lui indiquant où se trouvait le bureau du Conseiller.

Une fois devant, Erëm le trouva facilement – en plus des instructions, guidé par l’aura de ce dernier-, et qui lui indiqua aussi qu’il était seul dans la pièce, il ne sentait personne d’autre. Après un long soupir qui se voulait silencieux, Erëm trouva le courage de toquer à la porte du Conseiller.

Au moment où il lui signifia d’entrer, il le fit, refermant la porte au passage -un peu d’intimité s’il vous plaît.

« Bon.. Bonjour, Conseiller Abaddon. »

Erëm avait mis une main sur son cœur et s’était poliment incliné. Il espérait ne pas le déranger.

« J’espère… Que je ne vous dérange pas… Je… Je suis venu pour vous remercier de m’avoir aidé… » Le Conseiller n’imaginait peut-être pas à quel point le petit Erëm avait été touché par son aide. « Et, pour vous remercier, je me permets de vous offrir ceci. »

Alors, Erëm lui tendit simplement le panier, fermé, contenant le thé, une boite avec des biscuits ainsi qu’un joli petit service à thé fait main…

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Heureusement, Abaddon n’avait pas l’air d’être dérangé, il lui offrit même un petit sourire qui eu l’effet escompté, car Erëm venait de s’avancer pour le remercier, et surtout lui remettre le présent qu’il avait mis tant de temps à confectionner. Certes il n’avait fait « que son travail » et il le lui avait déjà dit, pour autant il lui avait porté assistance et le rouquin ne pouvait décemment pas oublier ce qu’il avait fait pour lui. D’autant qu’il lui avait aussi remonté le moral, ce qui n’était pas chose facile.

Une fois les présents remis, Erëm ne pouvait que s’interroger. Etait-ce trop ou pas assez ? Etait-ce utile ? Les gâteaux seraient-ils bons ? Le thé serait-il à son goût ? L’archange fut surpris par sa réaction de… surprise, justement. Déjà, il bégayait, ce qui lui était impensable de la part d’Abaddon, physiquement, il affichait une réelle surprise, il se mis à le tutoyer, et comble de la gêne pour notre Erëm, il venait de lui dire que les présents étaient magnifiques. Le rouquin était déjà un peu gêné à la base, néanmoins, à ce moment, ses joues prirent la même teinture que ses cheveux, il devint rouge comme une tomate.

« Oh euh je… Merci… » C’était presque étrange de remercier quelqu’un pour ça non ? « Je… J’espère que le thé sera à vôtre goût. »

Erëm ne disait pas cela à cause de sa position de Conseiller, non, c’était simplement qu’Abaddon s’y connaissait en thés et donc, il avait certainement avoir des papilles expertes qui n’aimaient pas les thés « bas de gamme », même si cette notion n’existait que peu dans la société angélique.

« Et que vous aimez les motifs du service à thé… »

Si ça se trouve il n’avait aucun intérêt pour les poissons ? Ou pour le style japonisant ?

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Les joues du jeune archange ne purent que rougirent un peu plus, dans la limite du possible, lorsque le Conseiller lui annonça aimer les motifs qu’il avait lui-même peint. C’était un soulagement autant qu’un plaisir que d’entendre dire de quelqu’un, encore plus la personne à laquelle il faisait ce cadeau, qu’il l’aimait. Une chose simple dans les faits mais essentiel à son équilibre mental précaire actuel.

« Mer… Merci beaucoup… »

Finalement il avait l’impression d’être remercié alors qu’il venait de le remercier pour un acte important pour lui. Un petit paradoxe dans sa tête dont le film prit bien vite fin grâce – ou à cause- d’Abaddon qui, pour savoir si le thé lui convenait, lui proposait de partager le thé avec pour le goûter. Il avait d’abord hésité un peu, se demandant s’il allait simplement le goûter sans lui, mais non, il lui avait effectivement proposé d’en boire avec lui.

Un peu hésitant, le rouquin finit par s’asseoir à la place qu’il lui proposait, hochant timidement la tête, observant ses gestes et ne désirant pas le déranger outre mesure, surtout qu’il devait avoir beaucoup de travail.  Il posa à l’instant la tasse devant lui en plus de petits biscuits.

« D’a… D’accord, merci Monsieur… »

Erëm était bien évidemment un peu stressé, et un peu formel. Par politesse, il préférait attendre que le Conseiller goûte son thé avant d’en boire lui-même. Lui, il aimait bien son thé, après tout il l’avait goûté mais attendait maintenant le jugement.

« Comment le trouvez-vous ? »

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Quelques films avaient commencé à se construire dans la tête du rouquin : Abaddon pouvait répondre franchement non, il aurait certes raison de le dire mais cela lui ferait quand même du mal. Abaddon pouvait répondre oui et ne pas être sincère. Cela serait certainement encore plus douloureux. Enfin, le Conseiller pouvait sincèrement apprécier son thé et cela lui ferait bien évidemment plaisir, même si le but était surtout de faire plaisir au Conseiller et non pas à lui-même. Une double victoire ?

Il semblait bien que ce dernier scénario était en train de se jouer. Lorsqu’il lui disait qu’il était bon les joues du rouquin retrouvèrent à nouveau la couleur de ses cheveux. Il n’avait pas besoin d’analyser pour savoir que cette phrase était sincère.

« Mer.. Merci beaucoup. »

Le membre des affaires humaines ne su pas vraiment comment continuer la conversation heureusement, Abaddon semblait avoir quelques idées.

« Oh, non… enfin Disons que j’ai essayé plusieurs mélanges de fleurs, de plantes et de fruits ces derniers jours jusqu’à trouver celle qui me semblait avoir la meilleure odeur et la meilleure saveur. »

Il avait bien travaillé malgré ses blessures. Mieux même, cela lui avait certainement permis de guérir plus vite. Il avait l’impression d’être un peu plus apaisé que ces derniers jours malgré le stress occasionné par la confection du cadeau et à la montée de Zenro comme nouvelle conseillère et à sa prestation sur scène. Si de prestation on pouvait parler.

Le rouquin continua donc simplement de dialoguer avec Abaddon jusqu’à ce que les deux n’aient plus rien à se dire. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas échangé quelques banalités banalement angéliques avec quelqu’un alors cela lui faisait du bien. Si bien qu’il en avait presque oublié à qui il parlait.

Erëm prit congé lorsqu’Abaddon devait reprendre son travail. Après tout lui aussi devait retourner sur terre pour continuer sa mission…